« – Aurélien Ferenczy: A quoi ressemblait la cinéphilie à cette époque-là?
(décennie ’75 – ’85 – sous-entendu en fonction de propos antérieurs)
– Paulo Branco: Elle était joyeuse, partageuse, jamais morbide comme aujourd’hui. On essayait de comprendre d’où venaient les références des films que l’on aimait: on ne pouvait pas avoir lu « Ulysse » de Joyce sans connaître Homère. Pareil pour le cinéma. Quelqu’un comme Serge Daney n’était pas un intellectuel, le plaisir de la découverte était plus fort que tous les dogmes. »
Pour qui ne le saurait pas, Paulo Branco est le producteur d’une quantité invraisemblable de films d’auteur et de qualité sortie sur les écrans tout au long des trente-cinq dernières années. Si je souscris entièrement à ses propos, ce n’est pas seulement parce qu’ils me paraissent coller singulièrement à la réalité des choses vues et vécues à ce moment-là, mais aussi – surtout, peut-être – parce qu’il me semble évident qu’être encore vivant à une époque n’est en rien une raison suffisante pour y adhérer, la supporter et encore moins l’aimer et bien s’y sentir. C’est – vous vous en doutiez, j’en suis certain – mon cas pour ce qui est de la nôtre…