«Tout le monde connaît cet instant précis d’octobre. C’est la vérité peut-être, dans une âme et dans un corps; on ne voit que le corps. Tout le monde connaît le cheveu mal en ordre, l’oeil peut-être bleu blanc qui ne nous regarde pas, clair comme le jour, et porté par-dessus notre épaule gauche, où Rimbaud voit une plante en pot qui monte vers octobre et brûle du carbone, mais pour nous porté, ce regard, vers la vigueur future, la démission future, la Passion future, la «Saison» et Harar, la scie sur la jambe à Marseille; et pour lui sans doute comme pour nous porté aussi vers la poésie, ce spectre conforme qui conformément se vérifie dans le cheveu mal en ordre, l’ovale angélique, le nimbe de bouderie, mais qui hors toute conformité est aussi là-bas derrière l’épaule gauche, et quand on se retourne elle est partie. On ne voit que le corps.»
( Pierre MICHON)
On a envie d’arrêter le temps, se mettre à genoux, murmurer que TOUT dire en si peu de mots, c’est presque indécent – tout en sachant qu’on n’en fera rien, sinon comprendre (« réaliser » serait plus ferme et plus précis), une fois de plus, qu’écrire, c’est ça, et ça seulement – rien d’autre…