FICTIONS D’ÎLES
Îles, archipels (en pleine mer, dedans ou métaphoriques)… Double illusion: la chose exige d’être vue et nous allons l’aider à ce faire – , inhérent préliminaire dont on ne saurait guérir qu’en montrant (mais à coup sûr imparfaitement, puisque l’écart même qui fonde l’acte l’amène à sans cesse ni espoir s’élancer vers le vacant et la dispersion, guetteur parcourant les rives sans assurance aucune d’aboutir au pont qui garantit la traversée…)
Îles, archipels, fragments assoupis dans la caverne, sans mémoire de qui les précède, sans soupeser qui les suit, faisant d’emblée d’autrui ce pur regard qui toujours déborde…
Îles, archipels, soudaine coïncidence des choses et des visées qui n’en idolâtrent pas la rencontre, mais séjournent dans l’intervalle où elle se joue…
Îles, archipels, miroirs où qui s’y abîme s’y rejoint, qui s’y voit s’y perd, gages de l’ultime promesse, portée aux nues, puis saccagée…
Îles, archipels, où tout se confond, se redresse, insoucieux du maintenant comme du futur, rouvrant, avec l’effondrement du monde, les voeux voués à le rester…
Îles, archipels, abrupt partage des figures et des temps pour autrement les habiter, étreinte sous d’interlopes paupières, lieux connus du seul regard qui corrompt …
Îles, archipels, litige avec cet Autrui dont il n’est jamais question d’obtenir réparation, mais ne se ramenant à rien d’autre, puisqu’il découle d’elle et n’existe que par elle…
Îles, archipels, sous le regard qui englobe, enserre, empiétant sur le vide qui le nie et trahit, lui qui, de bond en bond, d’exil en aléa, défait et retisse sa toile…
Îles, archipels, bivouacs d’ombres, heures filant l’absence, les tours de passe-passe, les malentendus, les traques, les cribles…
Îles, archipels, ou comment montrer sans assigner, sans priver ce que trace exige, sachant, comme à jamais, offrir au devenir un territoire..
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