« Oisive jeunesse
À tout asservie,
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah! que le temps vienne
Où les cœurs s’éprennent.
Je me suis dit : laisse,
Et qu’on ne te voie :
Et sans la promesse
De plus hautes joies.
Que rien ne t’arrête
Auguste retraite. »
Le gars Arthur n’a pas de descendants (Mallarmé, si, tout comme Lautréamont. Même Jarry en eut. Même Roussel. Lui pas – Artaud non plus, vergogneusement annexé à son insu et, sachant par qui, contre son gré à coup sûr…)
Des fées et des mages, érudits, cols élimés, sorbonnards, ronds-de-cuir, têtes d’oeuf de toute sorte se sont penchés sur son départ, à défaut du berceau. On remplirait des bibliothèques avec leurs épais ouvrages, parlant, non pas vraiment de lui, mais de tout et, surtout, de rien: de la jambe amputée et des mots balbutiés avant qu’il n’entre, comme on disait dans l’Ouest lointain, « dans la légende », du silence, du Harrar, de Dieu, que sais-je encore…
Ce que les têtes d’oeuf de tout acabit n’ont pas compris – car pour comprendre il fallait avoir aussi, ne serais-ce qu’un brin, VÉCU, et ce fut le cas de bien peu – c’est pas vraiment sorcier, nul besoin d’être agrégé, ça tient en quelques mots: à une vitesse inconcevable, à une altitude qui défie les timidités du regard, le gars Arthur n’a fait qu’un tour. Mais un tour COMPLET.
Il n’y a que ça à comprendre. Et, à bien y regarder, c’est encore loin de suffire, sinon comment expliquer l’altière, mais vaine obstination, l’aveuglement de tant, l’entêtement à toujours et encore tant DIRE et si peu FAIRE, alors que tout le fut par lui « littéralement et dans tous les sens », parachevant même d’une biffure les lâchetés à venir, à commettre par d’autres qui plus est?
Nul rachat envisageable. Pas même en s’imaginant accomplir ses volontés avant de prendre la route. Pas même en les trahissant. Car s’en aller, il le faut toujours, rien n’a changé…
« Il nous a connus tous et nous a tous aimés. Sachons, cette nuit d’hiver, de cap en cap, du pôle tumultueux au château, de la foule à la plage, de regards en regards, forces et sentiments las, le héler et le voir, et le renvoyer, et sous les marées et au haut des déserts de neige, suivre ses vues, ses souffles, son corps, son jour. »
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