« La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule par conséquent réellement vécue, c’est la littérature. »
(Marcel Proust)
Depuis toujours, et tout au long de ce voyage qui me fit, tantôt emprunter une espèce de route de montagne (souvent vigoureuse dans les montées, indécise parfois dans les descentes), tantôt me vouer à d’étranges périples (bien moins portés vers l’inconnu que vers l’inconcevable centre), je me suis de toutes mes forces débattu en tentant de m’affranchir de la fascination de ces mots comme proférés par la propre bouche d’ombre, au point de devoir métaphoriquement me faire, tout comme Ulysse, attacher à l’invisible mât, oreilles bouchées, yeux entravés, dans l’espoir de pouvoir fuir sans me retourner l’attrait et le venin qu’ils distillent…
À l’heure d’en aborder les derniers contreforts, je m’aperçois, d’une part, que je ne regrette en rien le choix qui me fit emprunter les chemins qui me modelèrent ou qu’il me fut donné d’ouvrir, – de l’autre, et pesant du même poids, que l’admirable phrase qui, tout à la fois, désobstrua et hanta au fil des ans ce que je fus et fis, est non seulement exacte, n’incarne pas à peine l’intime conviction de l’écrivain et le condensé de l’existence de l’homme que fut Marcel Proust, mais vaut, du moins en partie, pour tous ceux qui s’adonnent à cette coupable activité, y compris pour le petit artisan que je suis…
« Ma solitude se console à cet élégant espoir », disait l’Aveugle – et moi avec…
[…] seule par conséquent réellement vécue, c’est la littérature. », phrase à propos de laquelle j’écrivais en 2012 : « Depuis toujours, tout au long de ce voyage qui me fit tantôt emprunter une sorte de route de […]