Dans une carte postale adressée à Estela Canto, Borges dit, en parlant de « L’Aleph », que c’est « l’histoire du lieu qui est tous les lieux ».
Alberto Manguel (qui le connaissait comme nul autre, peut-être – comme bien peu, en tout cas) fut l’un des premiers à s’apercevoir que, bien davantage que le miroir, le labyrinthe, le tigre ou la bibliothèque, « c’est l’idée d’un lieu, d’une personne ou d’un instant qui est tous les lieux, toutes les personnes et tous les instants, qui imprègne tous les récits de Borges. »
L’apaisa-t-elle comme elle nous comble et nous apaise?
Peut-être, malgré les heures entravées, noyées dans cette « fumée dansant sur une écume de non-sens » qu’évoque Segalen…
Peut-être pas, comme, dans leur dure et laconique discrétion, ces lignes tardives tentent de nous en rapprocher (et y parviennent, comme au-delà des mots):
« Mais tu restes celui que la perte accapare,
Et le courage n’apprend pas l’art d’oublier. »
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