Une chaise au Luxembourg, « sous le soleil exactement » jusqu’à en être aveuglé, une halte à la fontaine Médicis (où tant de fois je m’attardai en galante compagnie lorsqu’il m’arrivait de sécher des cours en ces temps, préhistoriques presque, de militant et d’étudiant), puis Saint Germain, deux ou trois superbes Degottex rouges, quelques Ceccarelli au long cours, foisonnants, tout en ruptures et assonances, indociles hommages à ces déferlantes fixes qui parviennent encore à m’éblouir, de longs moments en compagnie de Stanislao Lepri aux « Yeux fertiles », de ses jaillissements menaçants, ses énigmes subvertissant le réel, ses torsions de l’objet, ses métaphores où rien n’est ce qu’il paraît, mais tout est comme il se doit, une quantité pour une fois raisonnable de Heineken long neck dans le silence et la verdure d’une terrasse à quelque mètres à peine du vain vacarme de la « Palette » et pourtant si loin, avec sous le bras le Bolaño du jour, Bolaño trou noir m’attirant irrésistiblement à lui et m’éloignant parfois avec la même violence, avant que l’aimantation ne revienne, irrépressible, définitive…
« En Amérique du Sud, des jeunes ont fait de moi une sorte de Jack Kerouac chilien. J’apparais dans leurs histoires, comme une mascotte. Il ne faudrait pas que je devienne un personnage. »
LES CONFINS 
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