« Elle paraissait ne pas dire ce qu’elle disait. »
(Jakuta Alikavazovic)
Quelle plus belle définition de la fiction que la phrase de Jakuta?
Quelle plus sûre manière de mettre à mal le temps grimaçant, en singer les chasses délétères, s’affranchir de l’autisme pervers, surajouté à qui instaure et creuse, pierre torve, fumée accoucheuse, jeu ébloui au fin fond des îles, décombres léguées sous la dictée de la promesse que le doigt arraché s’obstine à désigner…
Pas de mots pour dire l’absence – tant ils sont, et elle pas – rien que le sol fou que tu martèles et cisèles, que les nuits de mues, l’éblouissement ras, inégal, pliure roublarde, topologie des déroutes, rempart chauffé à blanc, plus rien que l’ombre de l’embaumeur qui te retranche du fil rouge, elle qui connait hors du connu, chemine sans clôturer le regard travesti (« ainsi tu aurais été pour toujours là, dans le noir, juste derrière moi », comme il est dit dans le livre de Jakuta), ne se mesure qu’au dieu qui ne tue plus, excède croisées et inventaires, éclaire du toucher les torsades, les crins, les fièvres veuves, dispose autour d’elle ce qui se passe de mots, te déplie dans l’aubaine que plus rien ne viendra rectifier…
« Elle prétendra avoir tout détruit. Elle mentira. »
(Jakuta Alikavazovic)
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