ODE A SOMBRA
1.
Caixa preta em que estão registrados
os simbolos da morte e renascimento,
o caminho oculto da luz e da treva,
a mitologia do caos
e a biografia secreta da vida,
aqui estou cumprindo o dever
de aplacar a colera dos deuses,
deixar a minha oferenda a ti:
dou-te o meu ego
e a ilusão do mundo.
2.
Como te chamas:
inconsciente, karma, destino?
Eis, aqui,
na alfombra do jardim interno
teu procurador e mensageiro:
a propria sombra.
3.
(retrato falado da sombra)
esta em todo lugar
ceu terra rio mar
em ohio e istambul
no boulevar saint-germain
no trem bala para tokio
ou nas muralhas da china
centenas de passaportes
varios rostos / cem nomes
ODE A L’OMBRE
1.
Boîte noire qui renferme
les symboles de mort et renaissance
l’occulte chemin de la
lumière et des ténèbres
la mythologie du chaos et
la secrète biographie
de la vie
j’y suis et accomplis
le devoir d’apaiser
l’ire des dieux
je m’y tiens
pour t’offrir mon offrande:
mon moi t’en fais
présent tout comme de
l’illusion du monde.
2.
Quel est ton nom:
inconscient, karma, destin?
Le voici, ici-même, sur l’immense
tapis du jardin du dedans
ton mandataire et messager:
l’ombre même.
3.
( portrait-robot de l’ombre)
elle est partout
ciel terre mer rivière
dans l’ohio à istanbul
sur le boulevard saint-germain
dans le tgv vers tokyo
ou sur les murailles de chine
passeports par centaines
visages divers/cent noms
A MANCHA DE OLEO
1
Garça
Garça
Passeando altiva no cais do porto
Delicada e aérea pousa
entre
restos de peixe podre, dejetos,
latas de lixo, toneis de querosene.
O que faz ali?
Desfila?
Posa
como a um fotografo de moda
para uma revista feminina
LA TACHE D’HUILE
1.
Héron
Héron
Altier promeneur du port
Aérien délicat se pose
entre
restes de poisson pourri, détritus,
poubelles, barils de kérosène.
Que fait-il là?
Défile-t-il?
Il pose
comme pour le photographe de mode
d’une revue féminine
O ESTRANHO CAMINHO DA POESIA
Um lance de dados
não abolira o acaso
Um lance do acaso
não abolira Deus
Acaso: jogo infinito das causas
constelação dos efeitos
O poeta joga seus dados
no acaso das estrelas
L’ETRANGE CHEMIN DE LA POESIE
Un coup de dés
n’abolira pas le hasard
Un coup du hasard
n’abolira pas Dieu
Hasard: infini jeu des causes
constellation d’effets
Le poète lance ses dés
au hasard des étoiles
(Luis Augusto CASSAS – traduction André Rougier)
Déni des sources trafiquées, gorgées d’ombre qui refont de toi l’enfant que rien n’efface, déni des plis, des brèches, des filons, de qui élargit sans conspuer, enracine sans constituer, advient sans arracher, s’approprie sans juger…
C’est l’éloignement qui déchire, pas ses phases, horizon accueillant le Même comme surprise, jamais comme filiation.
Ô feu dispersé, infirme jeunesse, triple écho dedans les grottes de la torpeur, où l’on ne ferme pas l’œil, où s’invente à chaque pas le prodige du retour…
Labeur prédit de se frayer passage, resserrement nourricier, foulées par grand vent, force du lien aux lieux sans tutelle où s’allège la parole…
« Your eyes like tigers with no words written in them. »
Fuite qui dépense, précède, s’incurve dans l’illusion, dépensant ce dont elle fit don, assombrissant les vains acharnements contre le Lieu et ses rapines…
Qu’avancent ces heures sonnant en tous lieux, délivrées des causes, des fileuses, des verriers, des sentinelles, des miracles!
Que peuvent les désaveux face aux moissons, aux vieux orgueils, aux guerres semées ?
Apprends qu’il n’y a ni détour ni intrigue qui sachent défaire de l’Être les règles et les fissures…
Fruit errant, poli par l’éclair, traqué par ces flammes qui jamais n’appauvrissent ni n’en dispersent les miettes, serties d’échos, de convoitises, d’ébauches du bond qui veille, scrute, ressasse.
Désapprends ce qui lève à l’oubli, ce qui n’est que ce qu’il est, sans devenir, sans filiation…
Qui nous délivrera des issues, de cette heure, de cette geôle ?
Chemin taillé à même pactes et plaies , à même ce que tu sais et perds, à même la souillure…
Que redescende l’ombre qu’on peut blesser, la naissance comme retour, la mort comme intuition.
L’Un toujours s’affronte au péril de se complaire dans tel avers, de s’y vautrer, s’y perdre.
Ce qui jamais ne devient toujours EST.
Se déprendre des dons, clore l’aveuglement, la durée idolâtre déjouant toute percée usurpée, toute fêlure…
Il n’y a pas, n’y a jamais eu de sens dernier, de hiérarchie des présages.
Essayer l’autre façon, dénouer du jeu l’affût méridien, voir les choses comme qui est vu par elles…
Loués soient les jours, les fils tissés malgré nous, loués le gué et le naufrage
C’est presque l’heure de dire ton nom le plus obscur, tissu de détours durcis, lente pudeur des stèles où l’enfant s’arrime aux feintes nuits des sables, à ce qui toujours s’échappe dans ce que nous écrivons ou aimons, glissant, tâtonnement voilé, vers la seule façon d’arpenter la lisière.
(São Luis, 2000 – Paris, 2014)
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