« Le sérieux est un continent mystérieux du corps, utilisé pour cacher les défauts de l’esprit. »
(Laurence Sterne: Tristam Shandy)
André Rougier (le seul, le vrai, l’unique, en son âme et conscience et, dit-on, pleine possession de ses facultés) :
*vous le dit en vérité: « Quand quelqu’un qui s’appelle Dufour apporte de l’eau au moulin des réacs, je me marre! »
*reverrait avec plaisir « Les ailes du désert » de Wim Vent d’air, mais ça passe nulle part…
*trouve que c’est vachement bien d’être en marge, mais aimerait autant qu’on lui dise de quoi…
*sort toujours couvert, y compris pour ce qui est des mots.
*te la ferait bien, la courre.
*ne sait pas trop, mais ne le sait que trop…
*n’est pas prêt de l’oublier, celle-là: « La décroissance, une idée dont l’audience croît » (un journaliste) Ils ne se relisent jamais, en voici la preuve…
*fait un ourlet à l’âme, c’est tout ce qu’elle mérite…
*fait tache. Pas d’huile, hélas.
*relit, émerveillé, mais à sa façon ce grand classique de la littérature porno-mystique qu’est « L’Histoire, mon oeil! », où Jojo Combat mit tout ce qu’il avait…
*écri(t en)vain? Pas sûr!
*pense à ceux qui se tuent les yeux fermés pour se faire une surprise.
*traversa la nuit du chasse-heure.
*est en paix avec lui-même ( avec les Boches aussi, faut pas déconner…)
*s’étonne du nom que s’est choisi une maison d’édition, « de l’Attente »: pas très original, pardi, quelqu’un de confiance lui a dit qu’elles le sont toutes…
*fut enfin démasqué: c’est une taupe du « Quoi? J’ai bu? »…
*ne t’imposera pas les mains, par peur des bien-pensantes.
*prépare ses armes de destruction missive.
*est en couple avec Doliprane, et c’est compliqué (encore qu’il n’ait pas la grosse tête!)
*te volera dans les plumes, ô Temps, mais ne touchera pas à ton truc.
*dit tout haut ce que les autres disent tout haut, mais comme il est vieux et con, ça passe mieux, à ce qu’il paraît…
*est à même de faire tourner les tablées, il suffit de lui payer un coup…
*isn’t moody, but blue.
*vit ses rôles, bien qu’il n’aime pas les jeux.
*est bien sûr en faveur de la taxe To be, mais n’y croît guère.
*n’est surtout pas l’esprit qui « ni, ni »…
*a connu tant de « gentils » dans c’te putain de vie qu’il en a ras la casquette, rien que le mot le fait gerber. Traquons alors sans trêve, sans relâche et sans pitié la bisounoursitude qui nous guette tous ici et là, aimons-nous et engueulons-nous tels que nous sommes et non comme « l’autre » voudrait qu’on soit, et pis c’est tout, bande d’enfoirés!
*ne s’attaquera désormais qu’à plus grand que lui.
*se dit que le bonheur est une chose trop sérieuse pour la laisser aux gens heureux.
*tient une piste, vous fera signe.
*s’est mis dans l’abîme, ce crétin…
*se lève parfois la nuit, rongé par le doute, assailli de graves questions sur le temps, la mort, l’oeuvre, la postérité, la mémoire, l’existence, puis se souvient qu’un critique de renom et respecté l’a traité (moment de grosse fatigue ? inattention?) de « grand poète batlebyen » et prend, d’un coup d’un seul et sourire aux lèvres, son tour de quart au quart de tour…
*sait bien que tu aimes le kif, grave.
*pense à Cocteau, qui aimait les non-dits, et les jeunes marins.
*ne pleure que pour vous plaire, et c’est pas gagné…
*constate que ses chères galeries d’art parisiennes sont parfois si vides qu’elles sont justiciables de la superbe formule de Macedonio Fernández: ‘S’il y avait eu un absent de plus, on n’aurait pas su où le mettre… »
*n’aime pas trop les romans-tiques…
*déteste par-dessus tout les cyniques (les vrais comme les qui simulent), les revenus-de-tout-sans-être-allés-nulle-part, les abusés et les désabusés, les faux-culs, les « je me gausse de tout, à moi on la fait pas », les qui baissent les bras, les qui les lèvent au ciel, les pincés, les dégoûtés, les mous et les flous, les « je ne sais rien, mais je dirai tout », les anars de droite, les libéraux de gauche, les qui font de l’esprit mais n’ont pas un échantillon sur eux, les réacs (les non-assumés bien plus que les avoués), et, bien entendu, les cons toutes tendances confondues (au nombre desquels parfois il se compte) Ouais, il reste peut-être pas grand-monde, mais ce ne sont sûrement pas les pires…
*est sérieux comme un p(ri)ape…
*vous le dit tout de go: son héros préféré, c’est n’est pas Promettait…
*fait du pied à la lettre – grand bien lui fasse…
*en prendra de la graine: « L’on devrait interdire à tout poète de publier un second recueil tant qu’il ne parviendrait pas à démontrer de manière convaincante que le premier est suffisamment mauvais. » (Augusto Monterroso)
*est vachement content de crécher sur la Butte, où de vierge il n’y a que la vigne, et encore…
*cherche ( pour ses avatars), partenaire, sexe nullement indifférent, bac+5 (ou moins si affinités) pour jouer avec eux à colin-paillard ( militantes FN, LO, UMP, Identitaires, inorganisées du genre organisé, go-go girls, autonomes par rapport à tout, majorettes, voyantes, lutteuses de foire, PDG, cheerleaders, patronnes de claques, militaires, écrivaines postmodernes tendance Bartleby les yeux – grands – ouverts, membres des forces de l’ordre et assimilées, traders en jupons, mannequins, romantiques incurables, membres du jet-set, stripteaseuses tendance Vegas, banquières, accros à la feuille de rose et religieuses s’abstenir, SVP)
*a prêté des chaussures de marche à l’Histoire…
*vient d’apprendre qu’Albertine a disparu; selon la police, aucune demande de rançon n’est encore parvenue à m’ssieu Marcel, son protecteur.
*n’est, depuis un bon moment déjà, jamais là où on l’attend ( où on ne l’attend pas non plus, d’ailleurs…)
*jette ses dernières forces dans la rédaction du génial opus qui sera à l’édition française ce que la Mère des Batailles fut pour Saddam…
*est conscient de ses lagunes.
*préfère, et de loin, les inactifs gouleyants aux actifs toxiques.
*a une sainte horreur de celles et ceux qui disent à tout bout d’champ (généralement d’une voix grave, rongée par le tabac et l’alcool): « ça fait sens, mec… », alors qu’il y a belle lurette que cela n’en fait plus, mais alors plus du tout…
*ne renoncera jamais à secouer le cocotier, même si dans le fond – car il n’est guère méchant – il n’en ait rien à secouer.
*a, sur le tard, une dent contre la sagesse.
*a toujours pris Philoppe SelHorse pour ce qu’il est : un paon, une girouette et un faiseur…
*vient de lire, sous une plume fort en cour et à propos d’une oeuvre sublime, mais ardue, que le critique se proposait « d’en mettre en lumière l’obscurité ». Y’en a qui se relisent pas, même à jeun…
*sait que c’est du pipeau, et pourtant en joue; beckettien, non?
*proposerait bien à la mère Boutin que l’on remette en service les molletières pour pieds des pianos, pour la queue aussi, tiens!
*l’a toujours dit: c’est aux problèmes de fond qu’il faut remonter.
*s’est pris, comme souvent, les pieds dans le « t’as pris », bien fait pour lui…
*ne fait même pas partie des tropes d’élite, c’est vous dire…
*ne se souvient plus du nom du bal perdu, ce qui, à son âge, n’a rien d’étonnant…
*ne cherche pas la petite bête, mais n’est pas mécontent de trouver la grosse.
*est de la vieille école et pratique le baise-main, voire plus si affinités.
*a, chaque fois qu’il entend parler de « vrais Français », envie de sortir son fusil Lebel (irréprochable au plan identitaire).
*a lu quelque part qu’on nous prépare la réédition des oeuvres complètes de Lucien Rebatet; il s’est dit, avant d’aller vomir, que ce n’est guère étonnant en ce temps de « Décombres »…
*pense tout à coup à Cocteau écrivain (le cinéaste, c’est autre chose…) et n’en revient pas en pensant au génie qu’il aurait pu être s’il n’avait pas eu autant de talent…
*préfère, et de loin, les vampires à l’ire des vamps.
*n’utilisera désormais que des locutions et interjections ayant reçu le label identitaire « pur porc », comme, par exemple, « sapristi! », « zut », « foutrebleu! », « saperlipopette! », « diantre! » ou « flûte! » à la place des habituls « nique ta mère! » ou « enculé de ta race! », injures allogènes dont la Quasi-Vierge blonde platine nous débarrassera sous peu, comme du reste…
*vient de lire, sous une docte plume dont il taira le blaze même pour les intimes, que le « Journal d’un voleur » de Genet est « une descente vers les sommets ». Diantre…
*baise la main des rombières, pour le reste voyez son avocat…
*l’a parfois appris à ses dépens : « A gentleman is one who never hurts anyone’s feelings unintentionally. » ( Oscar Wilde)
*voudrait bien mettre son drapeau dans la poche, mais c’est pas facile, il dépasse…
*ne vendra pas son âme au Malin, dont il n’a, cela soit dit en passant, pas reçu des propositions dignes de ce nom.
*n’a jamais compris comment Narcisse, un si beau mec, a pu tomber amoureux d’un gars si moche…
*essaie de repêcher sa boîte noire.
*aime les luttes, hein…( en tout bien tout honneur, what did you expect???)
*se souvient de Ras Tignac, le nonchalant reggae man de la Butte…
*est l’genre de mec vachement optimiste, touas?
*ne s’étonne plus de sa fatigue depuis qu’il a vu celle des héros…
*ne boira sûrement pas moins qu’hier et pas plus que demain, dans la droite (enfin, ça…) ligne des Lumières…
*would prefer not, too…
*trouve l’expression « mourir de sa belle mort » on ne peut plus stupide, voire insultante.
*préfère, et de loin, ceux qui ont la science qui fuse à ceux qui l’ont infuse.
*a des bleus, mais à l’arme…
*se souvient, ému, du « Cours, connard, le vieux monde est derrière toi! » C’est toujours vrai, la différence c’est qu’il n’y a plus rien devant…
*lit de moins en moins de romans, surtout lorsqu’il s’agit de ces gros machins où lettre se met par trop, et sans vergogne, au service du « à voir… »
*relit, pour apaiser son esprit tourmenté, l’Epître aux Cors Indiens.
*est un écorché vif, mais vendra cher sa peau.
« Assez gai pour moi, il faut que je me fatigue à l’être pour ceux qui ne sont pas. »
(prince de Ligne)
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