Écrire, c’est s’offrir à la proximité du lointain, ni établie, ni désignée par avance, mais seul attendue, seule désobéissant aux leurres, seule vouée à l’éclair qui disperse, affranchi qu’il est des ruses de ces dés lucides qui, à trop jauger et soupeser, nous jettent en pâture aux spoliations que le Réel inflige.2
Écrire, c’est assumer l’imposture labourée dans l’encoignure où se tient le2 guetteur qui ne s’y résigne ni ne s’en délivre, qui seul sait adoucir l’exhortation, la collecte à jamais délogée, comme possédée par les ténèbres qui le submergent…
Écrire, c’est se plier à un arrachement si plein qu’aucun abord ne saurait dédire, ni l’adieu retrempé, ni la trace à venir, le saccage incrédule, la halte débusquée, aussitôt ensevelie, raidie entre ces deux couchants où tout l’annonce et le choisit pour que l’oubli soit de tous – sa vérité dérobée, de personne…
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCXII): Écrire (XIII) – L’arrachement
15 avril 2016 par Rougier
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