La voici, tôt venue, l’heure de l’arrêt et de la malencontre, rouage clos sur tes doutes, amadoué par l’estocade, modelé par cette rage qui depuis peu te nourrit, rancœur d’intrus, saisie de saignées, d’îles agiles, là où engendrer et attester enfin s’épousent…
Car il te faudra, à l’heure de reprendre, sans aumônes ni rajouts, ta route, te remettre debout, forcer l’issue, rabattre le bois bouffé, empoigner l’entaille qui ne se dérobe et ne se dévêt que pour te préserver sauf, lui redonner verdeur, lui réapprendre à nommer de l’infime l’exacte césure, enjamber l’heure clairvoyante, la dot mutilée se jouant des fardeaux, des yeux vaincus, des décrues de hasard, de la cognée des proues…
Tout comme il te faudra, loin des fauteurs de clartés, surmonter des faussaires qu’ils furent et sont les harangues et intrigues, l’obscène raffinement, les jeux honnis et les sentiers stériles, bâtir ta langue en ses fétiches tendus, fugaces figures sans terme ni source qui, t’abîmant, nouent commerce avec la torsion qu’apprivoise le regard heurté sans s’y réduire, sans rien graver sur ce futur à détisser…
Rien n’est tel qu’il se donne, et tu le sais, ni la marge ajournée, mais requise, ni le silence que tu recouvres, ni l’épreuve que métaphore couve sous ses cendres, essaim tremblé dont c’est le dit l’enjeu, joute ligotée au cœur du sens, entre la langue et lui, entre lui et qui s’en empare…
(2015)
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCXLIX): Avant-dernier bivouac
5 juillet 2016 par Rougier
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