Ah, le fameux « jour d’après »…Mais je me demande si le mot « après » voudra encore dire quelque chose de concret, matériel et significatif aux jeunes générations: en faisant remarquer à un camarade en herbe (lui anar, moi marxiste) que la révolution, cela se pense, se prépare, se construit en pensée et en action, que cela peut être long et que si c’est, à n’en pas douter, pour un avenir meilleur que nous nous battons, bien malin qui pourrait ou saurait en entrevoir l’horizon, la réplique fusa, sans appel: « Le futur, c’est maintenant, mec! »
Foin donc de tout messianisme révolutionnaire, « now is forever, tomorrow is never », n’en subsiste que le brouhaha (eh oui, comme le nom de l’admirable livre de Lionel Ruffel, qui ne m’en laissa par endroits pas moins perplexe que la tranchante réponse de celui pour qui rien n’a de sens si ce n’est pas destiné à s’accomplir ici et maintenant) d’un présent hypertrophié, boursouflé, d’où je ne puis que me sentir exclu – et tant d’autres avec moi…
« L’amour est à réinventer »: on ne le dira jamais assez, et là, il y a urgence!
Galerie Martine Aboucaya, rue Saint Claude, le Marais, Paris
Ne comptez pas sur moi pour porter le chapeau, ou couvrir les chefs (à bien y réfléchir, j’en eus d’ailleurs fort peu dans ma putain de vie – ce « roman », disait d’elle quelqu’un que j’aime beaucoup et qui me rend joyeusement la pareille)
« Chacun d’entre nous l’a rencontré, une fois au moins. Nous l’avons suivi, tant bien que mal à travers un dédale nocturne où c’était un jeu pour lui de nous égarer – mais qui sait s’il ne nous imposait pas une épreuve?
Une nuit, un jour, minuit éclatant midi, comme récompense ou par lassitude, il nous laissera l’accompagner jusqu’au bout. »
(André Hardellet: Les chasseurs)
Si vous saviez comme, de loin déjà, j’entends sa venue, comme je la comprends, comme je l’attends!
Je ne t’ai jamais révéré ni craint, ô Prince des Modifications, épousant les étendues sur ta mule aveugle…
Galerie Cinéma, rue Saint Claude, Paris
L’indifférence de cette image aux concepts de « bâtir » et de « détruire » m’enchante et m’espante, tout uniment. « Si rien n’est vrai, tout est permis », nous assénait Karamazov, sur les traces – quoi qu’on en ait – de l’égaré de Sils-Maria. Et si, en renversant l’aphorisme, tout était vrai (de toutes les façons, passant par toutes les déclinaisons), rien, alors, ne nous serait permis? Cela, je ne l’admets pas, n’arriverai jamais à l’admettre!
« Comprendre les langages humains, imparfaits et capables dans le même temps de produire cette suprême imperfection que nous appelons poésie, constitue l’unique conclusion de toute recherche de la perfection. Babel n’a pas été un accident, nous vivons dans la Tour depuis l’origine. »
(Umberto Eco)
Comment ne pas s’en féliciter, je vous le demande?
Les deux, Mathilde, sans doute les deux! (mais seulement si le pronom recouvrait celles et ceux du « nous ne sommes pas au monde »…)
Galerie Martine Aboucaya, rue Saint Claude, le Marais, Paris
Injonctions auxquelles il m’arrive de me plier – de plus en plus souvent, à vrai dire…
Rue des Trois Frères, Montmartre, Paris
Les murs, on s’y heurte ou on les traverse, mais les murmures, ah, les murmures…
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