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Archive for août 2016

p t3     Palais de Tokyo, Paris

Cela s’achèvera-t-il un jour, le crépuscule désuni viendra-t-il, et la nuit fidèle, peut-être le printemps de là-bas, avec ses neiges fendues, les bramements de ses fausses débâcles ?

(L’air gémit, te frôle, te trahit, ça sent le bois brûlé, il te dissipe, t’attarde, déchirant par orgueil les affres du dénouement…)

Depuis que je te vis te perdre dans la pénombre de l’heure et des feuilles, je sus qu’aucun de nous ne trompait l’autre, mais que nous nous leurrions tous deux, témoins des perspectives tordues, des images décalées, des illusions racornies, durcies, jusqu’à ce que tout s’efface, perde jusqu’au nom : la terre nue, les feux de nos emprises, les fondements…

Fouiller les strates, quérir les pépites que tel un orpailleur tu recueillis – talismans cernés de noir, s’effritant à mesure qu’on s’en approche… Ainsi à chaque heure tu est plus impitoyablement toi-même, cependant que sans hâte éclosent sur toi les stigmates appesantis sur le pli à laisser: le bond, pas l’auréole…
   (2005)

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bouquinistes

Tu lisais ce qui te tombait sous la main, recueils jaunis, encyclopédies, journaux, bandes dessinées, catalogues, flairais les kiosques, t’arrêtais pour fouiller les éventaires des bouquinistes, retrouver le texte mensonger, recueillir les lambeaux de la légende toujours disponible…

(Les évènements ne se répètent pas, ils se ressemblent: spirale en lieu et place du cercle…)

Garde le passage, jusqu’à ce que resurgisse l’espoir de ne plus voir la créature figée en statue de sel pour avoir détourné les yeux du mensonge.

Comment ne pas récuser les lignes droites? Nous savons bien que le temps n’est qu’invention, puisque nous en sommes les inventeurs…

Juger les êtres et les choses, c’est refuser les vertiges qu’ils t’allouent, ce qui atténue ou subvertit l’acharnement du « réel ».

(Chaos: heureuse prohibition de prévoir, de modeler, de régir…)

Comme si le temps aussi s’en allait, mais pas entièrement, il en restait des parcelles inaccomplies, en attente de celui qui viendrait reprendre la route, l’épars génie des lieux, préservant, macérant…

(Danser loin des feux, dans le caprice et l’envasement qui avancent leurs propres chuchotements, faims et rapines…)

Toujours écourter la vision en la rendant vulnérable…

(Non pas ce qui désigne et signifie, mais ce qui est et agit, distance nue, multiple et ironique à soi-même…)

Tout n’est qu’à peine surprise, rien n’est à peine probité, dispersion sans allégeance, confondue aux foulées, aux rechutes de sa plénitude…

Arrachés tout horizon comme toute assise, ni avilis ni repus, mais sachant punir tels qu’à l’heure du Retour ils t’effacent…

(Ne jamais troquer la parole contre qui la défroisse.)

Ce qui est, pour qu’il soit, se doit de passer, embuscade sans repentance, chose finement blottie dans ce qui te lisse et t’épele, foyer où trébuchent comme à jamais tes jouets, tes dénis, ta semence…
   (2004)

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p t2     Palais de Tokyo, Paris

Le désert ayant défenestré ses ajoncs, l’écluse n’émancipant plus, sinon cette transhumance voûtée, crible blanc sur la route, la détonation hissant ses couleurs jusqu’au sommeil des langues, on nous dira encore que la violence est partout.
Allons, messieurs, du calme! Ce paysage n’est pas de fantaisie. La glaciation n’est pas une vue de l’esprit. Flèche ou enclume, le choix n’est pas si facile qu’on l’eût cru. Dilapidez, dilapidez, même de haut, même de loin, il en reste toujours quelque chose. Mais voilà, le cancer effrange du coup ses griffes, l’étau se cabre, l’esquisse de cercle brave ses derniers guetteurs, les marées disparates rendent encore plus insoutenable la marge…
Elle ne sert plus à rien, à RIEN vous dis-je, l’étrave repue, compagne d’hier, et posthume, puisque aujourd’hui frileusement se dérobe. Je ferai comme si vous m’aviez compris, lent dans la défaite comme à son épilogue, n’ayant désormais pas plus à dire qu’à faire, sachant peu, mais fort, telle l’urgence de l’heure où mon sang, heures et entames désertés, se couchera joyeusement sous les sabots.
Au havre des pas amarrer l’habitude. L’avenir nous appartient. L’aiguille coule à pic. L’insurveillé flambe au carreau du soir. Séchez vos larmes, braves gens! L’extinction des feux se fera dans la dignité qui convient, le fracas est une denrée périssable, le scalpel jamais ne surgira d’entre les lignes.
Au réveil, il sera bel et bien midi.
   (1970)

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eta1     Espace Topographie de l’Art, Paris

Ménade, vivier d’embruns, puisse-toi faire tien le bond serti de madrépores et de silence…

Qui blesse la partie menace le tout.

Haches levées, veille nue qui tressaille, tourment où chaque heure vient à son heure!

Peut-être ne faut-il s’en aller que pour renaître aux sables dispersés, au rapetissement des dédales.

Noir marinier des heures griffées, que seraient sans toi ces affronts, ces leviers, ces amarres, ces issues?

Recul racorni entre voir et dire, dépouillant les remous, démoulant le poison que nos meutes déroulent…

Ces fins de monde qui s’attardent, ne les aborde qu’à l’heure du bois vieilli, du butin des décors sans maîtres, des rebuts messagers!

Qu’en sera-t-il lorsqu’ils auront deviné l’indifférence au temps qui t’éloigne et te polit comme la marée, la lisière moquée que tu trouas, toujours en enfance, dans ses livrées ?

Voeu nomade qui s’obstine et s’affermit sans t’asservir dans le langage, se gaussant des rets qu’on lui jette, de l’aveu l’enserrant, dieu fileur, défi lové dans l’ombre portée des feintes. 
(1997)

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gep    Galerie Emmanuel Perrotin, Paris

(Ainsi déclinent leurs saisons, les unes élancées, d’autres teintées de lumières fauves, avant que les offrandes ne viennent les étouffer, t’en éloigner…)

Lisse substance des choses, serpent surgissant de tes lombes, flux déclos de l’enfance rejointe par l’ire des temps…

…là où nous échouions, où la rumeur enfin pèse, près des portes sans réponse. Puis, peu à peu, la lente lumière des choses: fanal, neige fumant sous la rouille, eau cousue…

(Brise l’heure, donne corps aux ruses, aux lambeaux tissant la mémoire malhabile, ses scintillements, ses désamours, ses consomptions…)

Que le feu vienne lécher la charnière de midi, semblant de paraclet, ombre de ses étendues, régissant les creux, affinant les téguments, eaux de dessous qui soudain prennent corps, se font source, otages de cette lenteur faite meule au couchant, payant de cet instant de pierre ton mépris, comme si tu avais du temps à revendre entre tes volières et tes soudures…
   (1977)

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