Cela s’achèvera-t-il un jour, le crépuscule désuni viendra-t-il, et la nuit fidèle, peut-être le printemps de là-bas, avec ses neiges fendues, les bramements de ses fausses débâcles ?
(L’air gémit, te frôle, te trahit, ça sent le bois brûlé, il te dissipe, t’attarde, déchirant par orgueil les affres du dénouement…)
Depuis que je te vis te perdre dans la pénombre de l’heure et des feuilles, je sus qu’aucun de nous ne trompait l’autre, mais que nous nous leurrions tous deux, témoins des perspectives tordues, des images décalées, des illusions racornies, durcies, jusqu’à ce que tout s’efface, perde jusqu’au nom : la terre nue, les feux de nos emprises, les fondements…
Fouiller les strates, quérir les pépites que tel un orpailleur tu recueillis – talismans cernés de noir, s’effritant à mesure qu’on s’en approche… Ainsi à chaque heure tu est plus impitoyablement toi-même, cependant que sans hâte éclosent sur toi les stigmates appesantis sur le pli à laisser: le bond, pas l’auréole…
(2005)