« Time does not count itself. Just look at a circle and this is damn clear. » (Frank Herbert)
Percés la faim et l’effroi, adoucis les rouages, l’heure abreuvée d’amarres, herbier des gueux, tisons sertis de heurts, de promesses au cou des offensés, d’ombres qu’il te plut d’imaginer soyeuses dans la disgrâce…
Libres atours des veilles, nul besoin d’amasser en ce temps qui ne condamnait pas au trépas qui savait en vivre, frayant nos voix, dépouillant nos errances, là où de par SA loi même il épiait, furtivement vautré en ce vide de cires et soies vieillies dont nous étions, selon ses voies, les seuls et vrais témoins…
Portrait de l’artiste par lui-même (passant son temps à gaspiller les rares cartouches, tirant toujours à blanc…)
Sentinelle, figeant le fluctuant, pétrifiant l’incertain, l’enclos où tu croisas l’imployable: tours somnolentes, masques au bec vert-de-gris, nausées martelant les coyotes importuns, agrions poudrés traçant leurs cercles autour de l’ire du Prince …
Écrire, c’est révoquer du lointain les tueurs malhabiles, enserrés dans leurs éparpillements : lambeaux, surplombs, haillons de l’heure qu’aucune duplicité n’assume, ne dévalue, ne prédestine, ne réduit, ne guide, ne garde ni n’apaise, nuits sans mors, entamées à la fortune des jeteuses de braise, nuits lavées puis démâtées, livrées au séjour idolâtre, aux replis gorgés d’éclats fauves où se parent d’oubli et de frôlements les dons de l’énigme…
(Exils, coulées, consentement au temps…)
Bruit qui sans cesse s’éloigne et toujours perdure, sur les filons que veillent les nuits sans issue, s’épuisant en un mot, un seul, le mot de trop qui pour cela toujours manque…
Sans abri sont ceux que la clairière hante, loin des feux des confins, des chasses du messager, celui-là même qui enjamba l’enceinte pour au loin quêter l’aveu : qu’ayant perdu ce qu’il y avait à perdre, tout est de par sa grâce donné et pardonné, humble demeure ramassant l’horizon autour d’elle…
Soir sans voisinages dans lequel tu te meus et t’attardes, heure de la délivrance t’enserrant sans te modeler… Aux racines même, ce qui revient, comme toujours : brasiers, coqs blancs, cendres des pénitents, indistinction de la roue…
(1998)
[…] JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCLXXXIX): Écrire (XXXV) […]