Le désert ayant défenestré ses ajoncs, l’écluse n’émancipant plus, sinon cette transhumance voûtée, crible blanc sur la route, la détonation hissant ses couleurs jusqu’au sommeil des langues, on nous dira encore que la violence est partout.
Allons, messieurs, du calme! Ce paysage n’est pas de fantaisie. La glaciation n’est pas une vue de l’esprit. Flèche ou enclume, le choix n’est pas si facile qu’on l’eût cru. Dilapidez, dilapidez, même de haut, même de loin, il en reste toujours quelque chose. Mais voilà, le cancer effrange du coup ses griffes, l’étau se cabre, l’esquisse de cercle brave ses derniers guetteurs, les marées disparates rendent encore plus insoutenable la marge…
Elle ne sert plus à rien, à RIEN vous dis-je, l’étrave repue, compagne d’hier, et posthume, puisque aujourd’hui frileusement se dérobe. Je ferai comme si vous m’aviez compris, lent dans la défaite comme à son épilogue, n’ayant désormais pas plus à dire qu’à faire, sachant peu, mais fort, telle l’urgence de l’heure où mon sang, heures et entames désertés, se couchera joyeusement sous les sabots.
Au havre des pas amarrer l’habitude. L’avenir nous appartient. L’aiguille coule à pic. L’insurveillé flambe au carreau du soir. Séchez vos larmes, braves gens! L’extinction des feux se fera dans la dignité qui convient, le fracas est une denrée périssable, le scalpel jamais ne surgira d’entre les lignes.
Au réveil, il sera bel et bien midi.
(1970)
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCXXXVIII): Au réveil
31 août 2016 par Rougier
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