C’est depuis le passé que l’avenir parle, endosse la forme du « dieu qui vient », dépasse l’établi des parcours, pénètre du neutre l’ombre irréfutable, rend à la parole l’épars qui fermente, l’abandon du vouloir, l’horizon qui l’écarte et l’abrupt qui y rôde, le souffle manquant à qui, disjoint, relie, « pont et pas but« , entrailles du désir, marge qui n’est à personne…
Comment échapper au « présent du présent », à l’achèvement toujours déjà mort, à ces traces qui ne sont pas encore souvenir, à ces fins n’ordonnant que les moyens de les rejoindre?
En faisant sien, peut-être, ce qui ne se peut refermer, chatoiement en guerre avec la langue, camouflé en acte, déchirant la trame de son surgissement, scène fictive, mais « mesure de toute chose », percée avide de sa propre corruption, rivée à ses contraires, délaissée par ses atours, soustraite aux avatars dissimulés, glissade et non pas ordre qu’on anticipe, parcelle contaminée, toujours à ses pesées et ratages, convoquant le fantôme qui « ne se montre que nié », et la bonne nouvelle de la mort future…
« Et je suis muet pour dire à la rose tordue
Comment ma jeunesse est courbée par la même
fièvre hivernale. » (Dylan Thomas)
Comme il avait raison, l’ivrogne stellaire! Ce qui vaut pour de vrai, même en le traversant, même en le parcourant, on en ignore toujours l’étendue.
Ce qui diverge, ce que les signes cachent, ce qui ne se revendique qu’en les désignant: le rempart muet, le mur qui s’écaille, la clairière sans allégeance où le temps s’ouvre et se replie sur lui-même, se dérobe à qui voudra y élever son nom, celui de l’aller que nul retour n’efface.
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