« Ce dont on parle, on ne l’a pas; ceci est un axiome. » (Novalis)
Pas d’autre délivrance que celle où tu erres dans la nuit qui coule et traque masures et lointain, où tu resserres les lambeaux, restitue les cibles, mens pour cacher les déboires du retour, calligraphies les stigmates de passage, scelles les plis de ce qui ne cesse de venir, sentir et disparaître.
Pieds nus dans la poussière, nez collé à la vitre, tout sauf fugueur, mais soudain encombré de toi-même, il ne te reste qu’à te retirer du jeu, abattre tes cartes sans plus tricher, rendre intenable ce que parole sait voir, en travailler l’étrange pâte, récuser urgences et louvoiements, t’absenter sans but ni retenue ni mauvaise foi, te saisir des traces que creuse la distance, tarir le guet, ratatiner la fausse parole, falsifier tes atours, spolier le bégaiement qui te serre et te cerne, faire une dernière fois le tour de tes remparts, travestir les soudains détours de tes doubles, dégrader les seuils, compter les pas te rapprochant des proxénètes de la parole, des longues marches conjurant le répugnant cours des heures, absent à toi-même pour n’être présent qu’au texte s’abîmant en ce qui sépare, l’enclos arpenté sans garde-fous, l’entre-deux noirci, l’approche toujours déçue, les règlements de compte et les vacillements, les prédateurs amoindris trahissant les entours du lieu qui te détourne, mais finira par te recevoir, toi et ta vision (adamique?) de l’Ouvert, prenant ses aises puis s’en allant une fois pour toutes, elle qui fut vigilance jetée aux fers, mais renseignée par la main tâchée d’encre, contrée en vain trafiquée, parcours sans enjeu autre que le temps lisse et joueur et univoque, ligne tendue perçant l’ici de tes prodiges, t’apprenant à te taire et à baisser les yeux, faire valoir au devant de toi les jeux bannis, le terme résilié et la charnière repue, la faille des mises étourdies, l’assignation au garrot faisant croire à autrui que tout finit par arriver, l’obstinée levée d’écrou, le cul-de-sac où l’on se rate, l’image de proue se dressant contre lui, contre cette mort que le visible seul travaille, rebroussant chemin vers le littoral de nous-mêmes, nous aidant à passer enfin outre…
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