« C’est là-dedans ce soir les assises, au fond de cette nuit voûtée, c’est là où je tiens le greffe, ne comprenant pas ce que j’entends, ne sachant pas ce que j’écris. » (Beckett)
Le regard, cela se prépare, s’allume, s’aiguise, là où qui mûrit s’abyme dans le mûrissement même, ses plis déchus et ses balises sauvages, ses chasses vierges de l’attente des proies et ses secrets promis et enfreints, dépossédés de l’impur et du monnayable, de la parole en état de manque, fuyante mais dure au mal, qui noue les faces, déguise les mues se chevauchant, et leurs offrandes, et leurs jointures, et leurs abandons, efface des lieux de hasard les convoitises, du couteau de pierre les survies avouables, des calendriers les fausses filiations, tord les têtes de pont jetées sans savoir vers quoi, file vers ce que le temps toujours parvient à faire taire…
Celui que jouvence n’habille plus, qu’il sache revenir à soi, à la terre frugale, compacte, où tout est donné de surcroît, prendre le temps de s’y accoutumer, d’en saisir les noyaux, les méplats, les saillies, s’en aller au devant du tain rusant toujours et toujours ajourné, des décors à l’écart, peuplant l’arrière-plan de miettes, de surplus, de scrupules accolés à l’imprécision du désir qui décroche et raréfie, paralyse les caravaniers de l’ombre, renvoie ce qui bouge hors de lui et s’y perd, la foi jurée accueillant jours fallacieux et nuits mercenaires, ce qui survient et déborde, s’enlise aux flancs de la parole rompant ses dissonances au vif de l’énigme, se déploie dans les spores gratuits et l’humus, se livre à leurs pouvoirs gourmands, marqués pour longtemps, sans contours assignés, toujours en réserve de l’autre rive, du ferme domaine franchi et défié, du coeur parasite et du déclin des traces…
Récit d’une disparition que tu dus forcer, mais qui n’aura été que pour d’autres, purgée des images dépensées, des sueurs spéculaires, de la caverne où s’ébattent les veilleurs rendus indemnes aux berges du Réel et les scorpions filant sur le sable dard dressé, prêtant le flanc à la parole ébréchée, chuchotée, jumelée au futur, aux grottes où elle ne se reconnait plus, à l’erreur lacunaire et en partance, à l’ancienne promesse qui fléchit, comme aspirée au fond de ces mers où tous les devoirs se dissolvent et se valent, et les palmes étendus, et les galops confisqués, et le profil reptilien des meurtriers, et le silence enfin accordé à la surprise d’être…
Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Je pige tout. « Je suis » peut-être…
Et bonjour !
J’en suis ravi – et je vous remercie!