« La science est grossière, la vie est subtile, et c’est pour corriger cette distance que la littérature nous importe. » (Barthes)
En écrivant, l’on enfouit ce dont on hérite sans avoir le courage d’en décliner l’offre, l’on se remet à l’opacité du futur, aux pillards, aux soudards, aux arpenteurs, aux réseaux de rumeurs et à la peur des traces, à ce qui n’appartient ni au lieu ni au temps, n’a pas stature d’artefact, n’est qu’emboîtement de secrets, attrait du seuil qu’on ne franchira pas, tri, inventaire, fracas, règle sans jeux, lacune affirmée au grand jour, baguette de sourcier par où le lecteur advient et se situe.
En écrivant, l’on enfreint, déchiffre et sédimente, l’on arrache au hasard l’avidité de la ruine, la séduction de l’inachevé, le no man’s land parsemé de scories, épuré de ses taches, de ses scrupules, de ses alibis, de ses charnières, de ses menaces.
En écrivant, l’on fait sien le nouveau qui n’est que sensation, pas vérité, porte ouvrant sur le Grand Rien, fiction aux gonds saturés, présence privée de ces emportements qui franchissent et fouillent, découpent et renversent, gardent le cap, consentent au salut de la lettre…
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