Tout se passe comme s’il fallait changer d’altitude, tordre le cou à l’impossibilité d’écrire qui parfois t’habite, réinvestir le tri et l’érosion, la trace que légitime l’événement après lequel plus rien ne sera « comme avant », saisir au bond l’abandon, la parole de rareté, le geste qui tout remet en cause (sédiments, discontinuités, emprunts), remonter là où s’inventent les pleines mesures du refus, les ruines du temps, les passages, les soubresauts, la dévastation que traversent ces récits où se reconnaissent les foules et leurs fétiches, l’espace qui exclut et cache, disperse actes et effets, tisse l’outil à saisir, le faisceau de pratiques dans lesquelles il te sera loisible de ne pas te reconnaître, la rencontre dont il faudra bien que tu te détournes.
Archive for avril 2017
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCXCV): En écrivant (IX)
Posted in élucubrations, journal de bord on 22 avril 2017| Leave a Comment »
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCXCIV): Feu de camp (1)
Posted in élucubrations, journal de bord on 21 avril 2017| Leave a Comment »
Ce qui arrivera (ou pas – pour la plus âpre et sereine des pensées, il n’y point d’écart entre les deux) ne touchera que celui que je ne suis plus, mais s’assume encore dans le combat pour qu’un jour, « nous », tous et pleinement, soyons enfin ce que nous n’aurions jamais dû cesser d’être.
L’ombre gagne, mais je n’en ai cure. Derniers bonds, dernières guirlandes, derniers retours biaisés quêtant l’aval du « savant au fauteuil sombre »…
Ce grondement sourd, serait-ce les nôtres, les Autres, ou l’entre-deux où nous veillons côte à côte nos troupeaux et nos mourants?
« Il y a de l’espoir, mais pas pour nous. » Dans ce « nous » de Kafka, peu que de dire que je m’y compte. Mais pas ces femmes et ces hommes qui apprirent à lutter pour qu’il s’incarne.
Pour moi, il est trop tard, qui ne sus que l’attendre.
Les contrées où c’est la mort hospitalière qui veille, porte, enseigne et dissimule, je les ai parcourues presque toutes. Mon corps en revint, trempé de « santé essentielle ». Mais lui seul. Rien que les mots sachent un jour en dire.
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCXCIII): En écrivant (VIII)
Posted in élucubrations, journal de bord on 18 avril 2017| 2 Comments »
Quoi de plus obscène que ce temps qui s’escrime à migrer, à infléchir usages et bas-fonds du mot, l’illimité reçu sans dénonciation, les lentes courbures du devenir, le refus des bricolages, la passion des ruptures, le saut qui lie et rehausse, l’étendue à parcourir que tout écrit digne de ce nom questionne, instable pouvoir noué aux blasphèmes vaincus en contaminant, devançant, enfreignant, amonts et tutelles de toute chose, où ce que l’on vit finit par ne plus suffire, abri de ce qui s’ajuste, entrave à qui se dérobe.
Lorsque ce qui fut est perçu comme exil, suspendu à l’autorisation qui ne viendra pas, au lexique scellé et prévisible que clôt la triste postérité des effacements, oscillations, reproductions et décrochages sachant désormais ce qui ne sera plus, ne négociant qu’avec l’identique que le miroir fige, se perdre enfin dans l’inachevé perméable à l’erreur, assigné à la lourde tache de requalifier, en dépit de tout, ce que dans le désir vous vous obstinez à appeler « l’impossible »…
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCXCII): En écrivant (VII)
Posted in élucubrations, journal de bord on 12 avril 2017| 4 Comments »
Écrire aujourd’hui, ce n’est pas s’en tenir au dur refus du narratif, à celui de fonder, prédire ou rebâtir, aux hantises du « dernier mot », d’une ligne de fuite qui ne serait qu’astreinte, lézarde, infâme overdose de réel, résidu qui vacille, s’obstine, bifurque, trame mal logée dans les colères des temps…
La « déferlante fixe » s’est tue, mais pas la communauté d’orphelins que nous sommes, toujours décidés à rejoindre l’horizon autre, se refuser à désamorcer ses distorsions, l’impatience des prédateurs, l’illusion de croire que rien n’aura eu lieu sans eux, celle d’un glissement dont ils auront été les seuls catalyseurs, d’une promesse par eux inlassablement mise en scène, croisée de migrations, de généalogies, ni rengaines ni pansements, mais brusques dévoiements tremblant à l’idée de payer leur écot, usure de ces mots enfermés parce qu’indéchiffrables, non pas « l’avenir », mais l’heure toujours encore à venir, celle que rien ne comble, mais que le rien vient combler, le poème comme savoir, ressuscitant selon l’âprement belle formule de Agamben, « ce qui n’a pas été », pur refus de l’impasse au fond de laquelle, parfois, la langue nous suspend et nous accule…
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCXCI): En écrivant (VI)
Posted in élucubrations, journal de bord on 7 avril 2017| Leave a Comment »
Qu’est-ce l’acte d’écrire, sinon foi en ces rouages égarés, en ces hasards qui conspirent, apprentissage de ce que leur proximité retend là où elle résonne : envergure délivrée des poses, résidence élargie, déferlement qui s’attarde, souvenir qui n’est ni reste ni subterfuge, levée qui le serre et l’absorbe, le délestant des trépas, des ratés de la règle, du fond inquiet calé en ses fausses plénitudes, de l’égard que l’on doit à l’oubli, des restes du tracé compact, chevillé à ce qui (par-delà le silence dont tu sens la venue, par-delà ce que l’avenir recèle et l’acte par quoi tu en hâteras l’avènement) te jauge et te disperse.