On ne négocie pas, nous, sauf avec l’au-delà de cette parole qu’on désamorce, qu’on vrille, qu’on dévore, qu’on balaie, avec la traversée dépliant ses brèches, ses étaux, ses digues et ses rocailles, ses ombres longues où prendre pied c’est perdre pied, et son regard fait corde perchée sur son hors-cadre, se demandant si tout cela a vraiment existé…
En finir alors avec les forges à postures, avec le scalpel égaré dans la fange, et ce silence au ventre, validant ce qui nous condamne, l’amnésie qui nous aidera à ne rien falsifier, sauf peut-être ces « faits » qui, ayant perdu toute raison d’être, ne méritent que le travestissement, et ces décors itinérants, ces vaines tentatives d’épuiser, la jauge du sens sèchement rappelée à l’ordre, la grande imposture qu’est, non pas la voix plurielle, mais la sournoise manie de vouloir l’imposer, puis cesser de tricoter de faux espoirs, de faire mine de s’étonner de ce que l’on entende mieux ceux qui hennissent le plus fort – débusquer ce qui est à rebâtir – en découdre avec la nuit qui s’annonce et se répand, mutilée jusqu’à l’os, seule à voir juste, à jeter loin les clefs, à faire de l’amas de braises qui se perdent en nous sauvant l’horizon enfin nommé.
Archive for juillet 2017
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCCII): En écrivant (XIII)
Posted in élucubrations, journal de bord on 26 juillet 2017| Leave a Comment »
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCCI): En écrivant (XII)
Posted in élucubrations, journal de bord on 24 juillet 2017| Leave a Comment »
En écrivant, l’on oublie ce temps mal habité, mais dont plus rien ne nous retire, pas même les « mensonges vrais » que la parole conforte ou confond, pas même la part dénudée qui revient sur ses pas pour effacer les dernières traces…
En écrivant, l’on ne garde que la clé des lieux où l’on fut accueilli, des foyers qui à tout survécurent, des instants qui récusèrent la loi de l’Autre, les entre-soi difformes et les verrous narquois, les orbites vides assujetties aux délivrances rabâchées sans après ni déploiement, ni légitime instance autre que cette nuit clandestine, creusée à même le rebord qui les dévalue et nie.
En écrivant, on comprend enfin que l’on se doit de disparaître, se dépouiller des prétentions de n’être que ce que l’on est, pas ce que la perte voudrait que l’on soit, car c’est le désir, et lui seul, qui forge le possible, le déplie, le chevauche et le tient en haleine, lui qui en gauchit les moisissures et finit par apaiser les rives des marécages où de toujours il s’égare.
En écrivant, l’on se désencombre des morts qu’on s’inflige pour que nul autre n’y entre blessé ou amoindri, du souvenir des heures écorchées, de la lenteur qui les annonce, des somnambules qui ne les voient et entend5ent qu’à leur manière, des poursuivants à qui il sera peu pardonné, des jeux de l’oubli à qui seuls nos mots servent de peau seconde, de ce qui n’en finit pas de durer sans qu’on ait à en cueillir les restes.