« Ne rien raconter de plus que ce que les mots eux-mêmes racontent. »
(vieux proverbe ouïghour)
On a tout essayé, tout tissé, tout rayé, tout épaissi, tout affûté, tout étiré.
On a cru que tout nous appartenait, de l’ordre à la promesse, du pavot qui rôde au galop des anges, du miel docile aux scrupules des ombres, des chaux ensommeillées au rauque acharnement des formes.
On n’a rien fait de plus, à quoi bon s’acharner? Comme de coutume, seules les bêtes poursuivront leur marche, elles qui connaissent nos noms, nos empreintes, nos lézardes et nos infamies, les guetteurs aux doigts calleux veillant nos amarres, asséchant nos bestiaires et nos égouts, les ténèbres de pacotille assaillant en aveugle de nos voix dégourdies les chairs scellées, méticuleuses…
Puisse le temps de l’oubli nous recevoir jusqu’à ce que tout s’épanche et s’achève: l’obstination des lichens, les cicatrices des détroits, le flottement des adieux, et des cordages derniers la sûre traîtrise.
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