Ailleurs, pas les mêmes ombres.
Se retourner pour survivre, alors, toucher sans rien dire les îles immobiles, le delta que rabaisse l’attente qui s’installe, modèle et aplanit, lessive les paupières sales, amenuise les tourbillons, survole viviers, sumacs et pluies acides, lamine les bruines rayées, les couches et les accrocs, les taches et les tamis, les flaques et les suaires, le râle noir qui s’acharne, se dégage des ricochets, des ordures en contrebas des ponts, des bouées sevrées et des jardins minuscules, prend appui sur la paume qui s’insinue, les couteaux éveillés, les lézardes qui les agrafent, le souple exil qui les délivre, la gratitude que tu leur inventes…
Parois mûres, rafales que l’aigu du plaisir écarte, chanvre grattant l’ongle couleur de poussière, ce qui revient en jeu par abandon: haillons, mâchefers, sillons, rognures, cuvées, falaises, tourelles, viseurs , hublots, l’horizon tout en lacets et croisements, l’effondrement jeté sur les trottoirs, les plages, les grands fonds, le bord des routes, les prenant, les frôlant, détrônant de l’envers les peines, « humanely taken / all, all lost, quite lost »…
Peau de qui n’est pas dans sa peau, mais dans celle d’une autre, qu’il est et n’est pas, qu’elle est parce qu’il n’est pas, soupirail s’éclaircissant au moindre désir, dispersant les racoleurs du petit matin, le démon du voir, la salive de l’oracle.
La nuit ricane et boit, comme si le caché l’apprivoisait, lui faisant oublier les pélerins jetant l’inquiétude sur les draps, deux à deux enchaînés à l’insomnie, aux lassitudes accroupies, ruisselantes de gestes tâchés de sang, de lichens nus, de minuits balayant les criques, les vaines promesses des femmes…
Un beau jour, il faudra bien que tu leur dises, à ces charitables traîtres, que tu t’es baigné avec les requins, et que ça ne leur a rien fait.