Tout est là, ne s’en ira plus: la micheline t’emportant vers le soir tout de rumeurs et d’écailles, les fossoyeurs tournant dans l’aube vineuse, et les grillons aveugles, et les trois-mâts, et les rasoirs impies, les empreintes des villes hautes glapissant dans ta tête, la cruche qui te rattrape, oscille puis précipite l’horizon à la rencontre des parois ficelées, de l’hameçon muet exigeant sa rançon, des phalènes esseulées qu’emporte le vent d’autan, du goudron jamais dupe des mises et des pantins, des rages sans répit, gorgée à gorgée, des odeurs de cannelle avalées en amont des seuils, de la trouée qui émerge et te heurte, fouille l’invisible serrure, les mensonges à la croisée des gestes, l’inapaisé des amulettes et des saignées.
Cerf atteint, février titube, amasse le pourpre, submerge les caps, te cloue à l’oubli qui te fait revenir à toi, là où tout s’arrondit, ne joue que sur les cases rouges où le temps s’éteint, où tout est à nouveau à portée de toucher, truies et saccades te rendant la monnaie de ta pièce, nus crépitant, cuisses robustes, flancs qui s’abîment, déferlent et s’attardent, bouches remplies de sel crachant leur pourquoi, chuchotant, se frôlant, s’accordant au calcaire usé, à l’entracte qui te passa dessus, à la langue orpheline des scies du possible, à l’éveilleur flairant l’iguane.
Là où il te faudra aller te nettoyer des choses, ne restera plus que la coulisse, les brûlots discordants, les guêpes longeant la gorge que tu connais, mais qui ne te reconnait plus, les jugements jamais derniers, les escarbilles qui te blessèrent, et les autres, celles qui savent ce que désormais tu n’ignores plus…
Archive for février 2018
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCCXXXVII): In vino veritas
Posted in élucubrations, journal de bord on 19 février 2018| Leave a Comment »
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCCXXXVI): Boulier
Posted in élucubrations, journal de bord on 1 février 2018| Leave a Comment »
Ce réel sans fard ni fond, don des cachettes et des soupçons et des menstrues, ni refuge ni remords, ni corde ni griffe, ni allumette qu’ignore le jour qui baisse, ce réel qui te fait payer, t’encombre et t’assombrit, change de trottoir dès que ça craque, égrène des morts l’ongle qui prend la mesure des preuves qui les ignorent, disperse dans les choses ce qui en elles croît et pue, ce qui les cabre et épuise, réel sans bord ni clefs qui couve des yeux les avaleurs de sabres, les dés impatients, le gel des psautiers, les mouches qui te montent au visage, réel qui se meut en toi, se joue de tes saisons, exauce les tiges, les ailes tirées d’affaire, les attelages et les parois chaulées, couvre tes yeux de promesses qu’à la hâte il referme, soude au double éclair l’indifférence du plancton,l’empreinte du pavot, leur dehors dénoué qui s’étale à perte de vue, ne dit ni ne s’en souvient, veille sur les douilles rouillées, la duperie des soutiers, les cisailles qui approchent…
Partir, « Aden-Arabie » sous la lampe, partir où il n’y aurait ni fenêtres ni portes, ni bourgades rabougries, ni cuivres cueillis sans cause, ni esseulés titubant, penchés vers l’amont tardif, vers la dernière compréhension, la dernière indécision de l’image.
Il te faudra amadouer quelqu’un d’autre que l’oracle stupéfait qui même à Delphes ignore ce quelque chose qui te survivra d’un pas, submergera les caps, le val qui fume et les plaines fauves, t’arrachera aux crocs du fugitif et au toucher de l’énigme, aux dettes à la renverse traînées sur ton chemin, aux quais où l’on prend peur, aux vieilleries qui tu y croises et piétines…