Ce réel sans fard ni fond, don des cachettes et des soupçons et des menstrues, ni refuge ni remords, ni corde ni griffe, ni allumette qu’ignore le jour qui baisse, ce réel qui te fait payer, t’encombre et t’assombrit, change de trottoir dès que ça craque, égrène des morts l’ongle qui prend la mesure des preuves qui les ignorent, disperse dans les choses ce qui en elles croît et pue, ce qui les cabre et épuise, réel sans bord ni clefs qui couve des yeux les avaleurs de sabres, les dés impatients, le gel des psautiers, les mouches qui te montent au visage, réel qui se meut en toi, se joue de tes saisons, exauce les tiges, les ailes tirées d’affaire, les attelages et les parois chaulées, couvre tes yeux de promesses qu’à la hâte il referme, soude au double éclair l’indifférence du plancton,l’empreinte du pavot, leur dehors dénoué qui s’étale à perte de vue, ne dit ni ne s’en souvient, veille sur les douilles rouillées, la duperie des soutiers, les cisailles qui approchent…
Partir, « Aden-Arabie » sous la lampe, partir où il n’y aurait ni fenêtres ni portes, ni bourgades rabougries, ni cuivres cueillis sans cause, ni esseulés titubant, penchés vers l’amont tardif, vers la dernière compréhension, la dernière indécision de l’image.
Il te faudra amadouer quelqu’un d’autre que l’oracle stupéfait qui même à Delphes ignore ce quelque chose qui te survivra d’un pas, submergera les caps, le val qui fume et les plaines fauves, t’arrachera aux crocs du fugitif et au toucher de l’énigme, aux dettes à la renverse traînées sur ton chemin, aux quais où l’on prend peur, aux vieilleries qui tu y croises et piétines…
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