La poésie (bien que je ne sache toujours pas ce que ce mystérieux vocable recouvre) ne se tient que là où le scandale qui la fait être se mue en parole apte à se faire entendre hors du cul de basse-fosse où on l’enferme, loin des chasses-gardées où s’ébrouent les usurpateurs, l’«à peu près» des médiocres et des faiseurs, leur « art » d’accommoder les restes, de changer de trottoir dès qu’ils la croisent, de s’emmêler les pinceaux en conciliant leurs brouilles, de rafistoler à la tête du client leurs bricolages, l’asphyxie par petits bouts, les dépôts en vrac, la profusion de déchets, l’écart entre un sens à jamais figé et le doute que ses ruses recoupent, poupées gigognes sans poids ni présence, indignes même de l’aumône d’un regard, taillis de mauvaises ronces, « magies » dont on a envie d’entailler les scories, d’esquiver les coups, d’oublier ces fictions prenant, au nom d’une mauvaise cause, pour de la clarté ce qui n’est qu’inepte transparence.
La guérison passe par ce qui fut oublié ou perdu, retrouvailles dribblant la vigilance de l’inventaire dont nul ne se porte garant, fil d’Ariane spoliant le labyrinthe, «machine désirante» nous rappelant qu’en poésie, la terre des commencements n’est plus forcément terre natale, et que c’est fort bien ainsi.
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