Quelle langue parler, nous qui n’avons rien à demander, nous que plus rien n’effraie désormais?
Plus rien, pas même l’obscène évidence des départs, l’égarement des verres et des miroirs, l’aube aveugle lavant ce port qu’on pressentait ultime et qui n’est qu’ignorance et illusion, le manque qui restitue et dévore, mais qu’on ne saurait prêter, la croisée d’algues et l’ardoise indécise, la nuit agile désertant hasards et ressacs, nous déshabituant de celle qui vient…
Assis dans un recoin du temps qu’on a envie d’ajourner, nous dérobant aux saillies boueuses, à cet appel qui toujours en annonce d’autres, nous nous écarterons enfin des seuils, et des vestiges, et des passages, de cette respiration que l’on reconnait lentement, du lit invisible où gisent nos épitaphes et nos coïts de contingence, de la fatigue sans phrasé ni visage qui sans cesse nous déchiffre, nous contredit, nous contamine…
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCCLIV): Mise en scène
13 juin 2018 par Rougier
Je suis passé hier soir dans ton quartier : Montmartre, malgré ses touristes démultipliés, demeure encore, dans quelques rues non fléchées par les guides, un univers artistique et poétique.
Tout à fait! Merci d’avoir pensé à moi pendant ce périple montmartrois; en ce qui me concerne, quelques bons souvenirs sont également remontés à la surface…