Pelourinho (la « ville haute »), Salvador de Bahia
Aux mânes de Jean-Arthur Rimbaud
Aux saisons de là-bas (Bahia, début des années ’80)
Dans la ville haute, nous avons aussi, dans de rades perdus, « avalé une fameuse gorgée de poison » (à coup sûr plusieurs – beaucoup, à vrai dire), tapé le carton dans des arrière-salles avec des mecs dont il arriva à Dieu lui-même de douter, parié dans des combats de coqs, fumé de la « maconha » dans de lieux innommables (odeur de sueur, de tabac froid, de crasse, de foutre, de parfum à deux sous) où il nous a semblé voir ce que toi tu as vu, tout pareil, et « l’homme » aussi…
Dans la ville basse, nous avons baisé dans des masures et des « solares »; baisé, oui, pas « fait l’amour », car l’amour ne se fait pas, il se dit ou se tait, exhibé ou caché il s’éprouve ou se nie, c’est tout. Ce qu’on « fait », c’est du sexe, dont le rapport à l’amour est le même que celui de tout acte avec l’illusion qui s’arrime à lui, l’englobe, le sous-tend et l’efface, du moins jusqu’à ce qu’on rencontre, peut-être, qui (au singulier? au pluriel?) les réunira « en une âme et un corps », mais ça, ce sont d’autres histoires…
Nous nous sommes, tout comme toi (et cela vaut toujours) « dispensé de toute morale » – mais pas de l’éthique, non, car ce n’est point la même chose, la morale n’étant que de chacun, alors que l’éthique se devrait être de tous, point final.
Nous avons décroché la lune, puis remise à sa place, ceci d’avoir tôt compris (et nous te remercions de ton aide) que les réalités ne sont que simulacre, que de réel il n’y a que le Réel, le vrai, le seul, l’inatteignable.
Nous avons par moments été (le sommes-nous toujours?) insolents, avenants, chiants, caressants, inquiétants, conquérants, barbants, ambivalents, aimants, cohérents, lents, ardents – comme tout le monde.
Certains nous ont imaginé ou cru différents, et c’était sans doute un peu vrai.
Indifférents, ça non, jamais. Être indifférent, c’est trop haïr.
Votre commentaire