Parole dernière, indemne et sans réponse, elle qui échappe au vouloir des choses et à l’ordre des hasards – elle qui, rétive à tout effort, ne renoue avec rien, n’amasse ni ne défait, ne partageant que le désarroi qu’au long du temps elle s’appropria, l’égarement désormais interdit dans l’indistinct et l’ombre qui enfin l’en entourent, s’emparant de ce qui ne fut qu’à nous, l’achèvement, jadis à portée de main, l’oubli qui déjà l’envahit.
Parole qui s’éloigne en nous dépouillant, elle que ne peuvent que trahir nos destins, nos résidus, nos parcours et nos usages – elle qui s’éparpille dans l’incessant, se révèle dans le rebut, se jette à corps perdu dans ce réel qu’elle ne reconnait qu’en elle-même – elle dont les choix dénoncent l’effort et l’étendue qu’elle fuit – elle qui n’est qu’immense jeu de marelle, exorcisme pluriel, déplacement par délégation, masque que renversements et miroirs en vain démentent, abîme assigné à sa juste place, infranchissable décalage, inventaire des égarements, ennemie jurée de nos leurres.
Ce n’est que lorsque la mort aura avalé le fruit de nos peurs et remords que ceux qui restent comprendront que celui-ci les concerne eux, et eux seuls, alors que nous nous éloignerons, nous, par la grande route où l’on va tout seul, cheminant là où il n’y a ni traces, ni dons, ni preuves, connaissant enfin, sans pour autant être d’elle connus, de la caverne l’accomplissement et le réveil: nos dés, notre force.
alone on the last road………………………………………………………………………….