Peut-être faudra-t-il réviser nos actes, placer les inventaires avant le point à la ligne, la traversée sur laquelle on se rue, l’usure du devenir, les tares qu’on épuise, les lichens, les fuites, les brouilles du dard et du pourpre…
Peut-être faudra-t-il naviguer avec les serpents, fuir la discontinuité des galets, l’illusion de l’imprévu qui parfois de nous s’empare, tend les paupières, s’émousse langue après langue, éteint les préludes, rend clandestines les nuées, les sceptres des bouffons, l’ignominie des jours et leurs haines enjôleuses.
De quoi les héros ont-ils besoin, sinon de sorts modelés à pleines mains, de sillons jaunis, de serres domptées, de paumes vaincues allégeant les grains du sablier, de voleurs de cendres enchaînés aux brièvetés de nos éveils, d’acrobates épris des fourmis que l’on contemple, des vers de terre saluant nos revers, comme si la seule récompense était de mourir encore davantage?
Le désir que la pensée pourrit n’est plus rien, ni l’épine que réconfortent, imprègnent et renversent le mensonger toucher des certitudes, l’avancée qui sur elles louche et les dément, le doigt sur la gâchette et le vain vol d’Icare…
Il n’y aura bientôt que cela à dire, et à redire: les épaves sur le port, les maisons impassibles, les ravins aux soupirs noyés, les aubes qui sèchent et engloutissent,, les bas-ventres fléchis, les gestes aplanis, les lieux que les pèlerins jadis raillés abandonnèrent, l’appel de l’orage que délabre le retour de ses maîtres, la pente qui s’abaisse d’un coup sur le visage déjà autre, le ruissellement empiétant sur la voix esseulée de l’oracle, l’éclosion des dais et des charnières, sachant mieux que nous qu’une nuit, quelque part, tout en bas, il pleuvra enfin sur la rumeur de nos pas, les attouchements qui s’éloignent, l’inlassable invite de la chambre des morts.
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