Cela peut rendre fou que de chercher en vain la clé, vouloir forcer la serrure, alors que la solution, sans preuve comme toujours lorsqu’on cesse de creuser, nous signifie le congé de la plus lisse, improbable et clairvoyante manière:
« …la seule réponse est l’absence de réponse, la seule réponse serait une espèce de joie secrète ou insondable, quelque chose qui confine à la cruauté et résiste à la raison mais qui n’est pas pour autant l’instinct, quelque chose qui vit là avec la même persévérance aveugle que le sang qui s’obstine dans ses veines et que la terre dans son immuable orbite et tous les êtres vivants dans leur opiniâtre condition d’êtres, quelque chose qui échappe aux mots de la même manière que le ruisseau esquive la pierre, car les mots ne sont faits que pour se dire eux-mêmes, pour dire le dicible, c’est-à-dire tout, hormis ce qui nous gouverne ou nous fait vivre ou nous touche ou ce que nous sommes… »
(Javier Cercas: Les soldats de Salamine)
Ce qui te fera sans doute renoncer pour de bon est tout entier dans ce qui précède, ce qui justifiera peut-être ce que furent tes jours et tes nuits tout autant.