« L’auteur est un certain principe fonctionnel [*] par lequel on entrave la libre circulation, la libre manipulation, la libre composition, décomposition, recomposition de la fiction. »
Sans nécessairement aller aussi loin (du moins au plan purement juridique) que ne le faisait Foucault, ce qui se passe depuis un bon moment déjà montre à l’évidence qu’il y a quelque chose de bien pourri au royaume desdits « droits d’auteur »…
Tout en respectant (dans les limites du raisonnable, ce qui n’est à coup sûr pas le cas aujourd’hui) ce qui doit revenir à l’auteur lui-même, et, après son trépas, aux héritiers et ayants droit, il est clair que des délais atteignant 70 ans, voire davantage dans certains pays, sont absurdes, exorbitants et devraient être sensiblement réduits. Ce que nous craignons, c’est que d’aucuns, indignés et révoltés comme nous l’étions par les agissements de certains éditeurs seraient bien moins enthousiastes à l’heure de devoir faire leur l’idée d’un substantiel raccourcissement des délais en question, et nous pensons en particulier à ceux (dont nous respectons par ailleurs la position, qu’ils en soient certains!), pour lesquels « écrivain » est véritablement l’unique profession (assurant un revenu raisonnable), et écrire, l’unique métier (qu’il nous soit permis de conjecturer qu’il s’agit, hélas, d’une toute petite, d’une infime minorité, même!)
Certes, le succès (pas seulement d’estime, mais aussi de vente) peut survenir longtemps après la publication, il y même des cas célèbres en ce sens, mais ces exceptions justifient encore moins les extravagantes rentes de situation des héritiers et ayants droit empêchant le lecteur d’avoir, le plus rapidement possible, librement accès aux oeuvres.
Que les deux choses soient liées est pour nous une vérité d’évidence, mais, par les temps qui courent, ce n’est pas rien que de le dire…
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCCLXXXIX): Et les droits du lecteur, alors, hein?
14 novembre 2018 par Rougier
Votre commentaire