Comment ne pas suivre Michel Deguy lorsqu’il nous dit que « la poésie pense-à pour pouvoir penser« ? Comment ne pas voir que la poésie – et non pas ce qui, hélas, en tient parfois lieu – n’a de cesse de fouiller, souffleter, caresser les faces jumelles du logos, de muer en pure présence sa vraie nature, celle d’être en même temps, d’un même élan, parole ET pensée?
Comment ne pas sentir qu’en poésie « don et oeuvre, possibilité d’offrir et mise en oeuvre font cercle, s’appartiennent »?
Cercle qui, loin de pauvrement tracer et protéger des confins, s’ouvre pour rendre à la pensée comme à la parole la bonne heure, la chance tout autant à l’épreuve du déchiffrement que tendue vers celui-ci, se pliant, certes, à l’injonction d’hospitalité, mais une hospitalité tout particulière puisque l’hôte, « on ne sait pas qui c’est« …
Dans cette somme de « défauts » qu’est notre temps, dont le défaut du monde même, comment retrouver le chemin d’une « demeure pour le souffle » enfin partageable? En nous retrouvant en amont de toute pensée et toute parole, en essayant d’humblement forger ou retrouver celle, silencieuse, « ne contractant que pour mieux augmenter« …
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCCCIII): Vers quoi l’on tend…
26 novembre 2018 par Rougier
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