« J’ai toujours dit que j’écrivais pour des lecteurs, mais le fait que je continue à écrire à cette époque où les lecteurs ont disparu (les lecteurs inconditionnels, authentiques) prouve irréfutablement que j’écris pour moi-même. »
(Adolfo Bioy Casares)
Des citations allant dans le même sens et émanant de vrais écrivains (car il y en a de vrais faux, sans même compter ceux qui – quoi qu’on en ait, et c’est un vieux débat – n’en sont pas du tout, les critères d’évaluation étant, évidemment, des plus subjectifs, ou alors liés à des présupposés esthétiques et idéologiques tout à fait personnels, d’accord, d’accord!), j’en ai littéralement trouvé des dizaines, toutes époques et tous pays confondus.
Je m’en tiendrai à une seule, lumineuse, de Michon, complétant et éclairant de tranchante manière celle de Bioy:
« Oui, la reconnaissance existe, mais pas où on la cherche. Elle ne vient pas après coup, ni des autres. Elle vient d’ailleurs, et pendant qu’on écrit, quand ce qu’on écrit est une grande lanterne éblouissante et non pas cette vessie dégonflée qu’est un livre fini.
La reconnaissance, c’est peut-être, c’est assurément, quand seul on écrit, dans la grande émotion d’écrire, dans cet état entre rire et sanglots qui trouve ses mots… »
Et cela – vous le diront aussi à coup sûr tous ceux pour qui écrire n’est pas seulement jouer ou expérimenter -on ne le fait, au sens le plus âpre du mot, ni avec l’autre, ni pour autrui – même s’il arrive qu’après coup ils finissent par venir, et qu’on soit heureux de les accueillir.
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCCCVII): Pourquoi? (mais en fait, pour qui?)
28 novembre 2018 par Rougier
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