« Je ne m’intéresse pas aux hommes, peu à leur opinion ou même pas du tout. C’est leur trognon qui m’intéresse, pas ce qu’ils disent , mais ce qu’ils sont…la chose – l’homme en soi, presque toujours le contraire de ce qu’ils racontent »
(Louis-Ferdinand Céline)
Quelle meilleure définition du pervers trajet mental qui en arrive à expliquer et justifier TOUTE forme possible et concevable d’exclusion? Des qui feraient leurs ces mots, zélateurs ou pas du génial et abominable imprécateur, j’en connais personnellement. J’en aime même bien certains, sans savoir les comprendre ou pouvoir les « excuser ».
Des êtres qui me sont chers ont parfois été victimes de ce raccourci d’une brutalité inouïe, sans nom, puisqu’il ne reste au « coupable » aucun recours, aucun détour ou chemin de traverse menant à quelque imaginable bon port, aucune issue autre que de cesser d’être ce qu’il est (j’en ai également été victime, plus d’une fois).
Je ne les déteste même pas, je les plaindrais plutôt, ces inquisiteurs, ces chantres de « l’humain brut », capables tout au plus de pardonner à qui serait (se montrerait?) ce et tel qu’ils voudraient qu’il soit et rejetant les autres dans les limbes, leur déniant jusqu’au misérable salut de la reconnaissance – subtile, mais effroyable façon de haïr. Mais pas la pire. Car être indifférent, c’est haïr encore davantage. Trop. Sans rémission.
« Ceux qui nous disent oui, nous les piétinons, nous les ruinons, nous les quittons… »
(Karen Blixen)
De cette malédiction vis-à-vis de soi-même et horreur envers les autres, la vie sut jusqu’à ce jour me préserver: pas vraiment que l’on m’ait souvent dit « non », mais plutôt d’avoir très tôt appris à m’abstenir de demander.
« Alors, dans le même temps, je demande combien de temps il me reste [*] Mais je ne sais pas ce dont il devrait me rester quelque chose. À vrai dire, je ne sais pas du tout ce qu’il y a. »
(Elfriede Jelinek)
Des questions que j’arrive, pour l’heure, à ne pas trop me poser. Parce qu’il me semble savoir, non pas ce, mais quand: au dires de l’Aveugle, à l’approche du dénouement, juste avant la révérence, les images du souvenir elles-mêmes s’effacent, ne restent que les mots. Beaucoup. Trop, peut-être.
Vous vous en êtes sûrement aperçus…
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