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Archive for décembre 2019

Fallait-il que tu lui ressembles, t’abandonner comme elle aux temps fous, l’accompagner au banquet où s’inventent les usages, les rebonds, les abandons, la fosse aux mille gâchis, le rideau à bout de bras écarté derrière lequel on te vit nu, hanté, dupe de rien, mais fermé aux réponses, tout à l’attente de la chose qui se devait d’arriver, le sexe de profil cochant la juste case, l’obscur rejoint sans rudesse, loin des jeux sales, des voix sans timbre, des portes claquées, des ciseaux, des graffitis aux allégeances suspectes… 

Ne renoncer à rien, tenir la distance, déjouer la conspiration, rejoindre la vraie trajectoire, échapper aux cache-temps qu’abîme l’illusion du regard, surseoir à l’attentat venu bannir du Lieu les faveurs longtemps rendues aux retours improbables.

Ils ne t’ont vu que là où rien n’est ce qu’il parait, ni les totems aplanis, ni les fables que tu rabâches pour ne pas perdre la face, là où tout bouge, se dérobe et s’affole, où le risque tourne de l’oeil, où le carnage voit sans voir et choisit sans choisir, où la distance cesse de faire commerce de ses repères, où la menace, fût-elle ultime, n’a plus cours, où le doute se blottit dans le mensonge, où le gravier ne mesure que l’instant, où le dormeur qui ne nous manque plus saura enfin nommer le tain lentement ébréché, le maquerellage sans profit plongé dans l’intimité des signes.

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Qu’as-tu à perdre désormais sinon les crocs et les soucis, les fables taciturnes, les blés battus, la nuit secouant ses mendiants, la lisière pesée, adoubée, où tu courais, toutes peines rebues, vers le répit qui fige et restitue?

(« Âpre comme le réel », « flou comme le réel », « déchirant comme le réel », « beau comme le réel », et tu en passes, et des pires…
Tu suffoques en lisant ces âneries: au nom de quelle incommensurable arrogance se permet-on de juger le réel? Au nom de quoi s’arroge-t-on le droit de coller des attributs à cette chose à propos de laquelle – qu’elle caresse ou qu’elle « cogne » (dixit Jacquou La Canne) – nous ne saurons jamais rien, ni toi, ni moi, ni personne.)

Qui osera nous demander pourquoi est-ce toujours le même jeu: médire de la caverne jalouse, des flaques et barbelés veillant les mines de la mémoire, arracher dans la gorge du dernier témoin la rouille avouée, les lambeaux défaits, les clefs qui nous devinent, mûrir dans l’obscur le sermon hors de portée des assassins, des rails mouillés, des poignées en vain saisies, de l’automne des futaies, de l’étau jamais dupe des chavirements allumant l’horizon bas allant d’un mensonge à l’autre?

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