« J’avais vécu comme un peintre montant un chemin que surplombe un lac dont un rideau de rochers et d’arbres lui cache la vue. Par une brèche il l’aperçoit, il l’a tout entier devant lui, il prend ses pinceaux. Mais déjà vient la nuit où l’on ne peut plus peindre , et sur laquelle le jour ne se relève pas. » (Marcel Proust)
« Tout a déjà eu lieu. Tout s’est déjà passé. » (Enrique Vila-Matas)
« Le présent est une putain, pourquoi la postérité n’en serait pas une? » (Orson Welles)
« La fragilité de mon rapport au réel rejaillit sur mes sentiments. Et j’ai parfois l’impression de n’aimer que des images, d’être incapable de ne pas en fabriquer. » (Jean-Michel Palmier)
« The hard way is the one way. » (Cid Corman)
« Cela ne va pas. Cela s’en va. » (Fontenelle)
« La blancheur d’une clarté au-delà des faits. » (William Carlos Williams)
« Ce dont on parle, on ne l’a pas; ceci est un axiome. » (Novalis)
« Un fantôme ne meurt jamais, il reste toujours à venir et à revenir. » (Derrida)
« Espace d’une parole toujours plus raréfiée et, dans un même temps, presque monstrueusement dense, comme dans une singularité de la physique » (Andrea Zanzotto)
« Habiter le silence ou se sculpter en lui » (Jean-Christophe Bailly)
« Je recommencerai toujours le monde avec l’idée d’un ennemi derrière moi. » (Novarina)
« La langue nous conduit par la littérature à ce dehors où disparaît le sujet qui parle et où, dans l’espace laissé vide par celui-ci, elle peut se répondre, se transmettre et se contredire à l’infini. » (Gilles Jallet)
« Je suis un piéton, rien de plus. » (Rimbaud)
« Je ne reconnais à personne le droit de se conduire à mon égard comme s’il me connaissait. » (Robert Walser)
« La longue, interminable phrase du désastre, voilà ce qui cherche, formant énigme, à s’écrire. » (Blanchot)
« Je marche dans les rues pour rencontrer des fantômes. » (Jean-Michel Palmier)
« Le héros y passe sa vie à attendre de pouvoir franchir une porte qui n’est destinée qu’à lui, ce qu’il ne réussira jamais à faire. » (Kafka)
« Je suis né troué » (Michaux)
« Aucun « nouveau » ne surgit qui saisisse ce qui ne fut jamais » (Natacha Michel)
« Il n’y a que la mort qui puise parler à la littérature, c’est-à-dire à la vraie vie, sans ôter son chapeau. » (Olivier Rolin)
« Mourir, c’est rentrer chez soi. » (Lao Tseu)
« Lointaine est l’autre rive où le message s’illumine. » (Saint-John Perse)
« Évoquer la mort nous mènera-t-il à une nomination convenable pour ce dont nous sommes les témoins? (Badiou)
« Il n’y a pas d’histoire de l’écriture; il n’y a que des distances. » (Natacha Michel)
« Le style désavoue le désespoir qu’il ambitionne de traduire. » (François Bott)
« Quelque chose de définitif, de lapidaire, mais comme une stèle qui soit tout à la fois la métaphore d’une éternité manquée comme celle d’une mort qui demeure toujours inquiète, impunie » (Andrea Zanzotto)
« Nous sommes presque comme des orphelins. » (Hölderlin)
« Tout voyage hésite entre la halte et la fugue. » (Claudio Magris)
[Nota dans le blog à l’intention de celles et ceux qui s’interrogeaient sur la signification du mot « erreur » dans le titre de ce que sera (peut-être, un jour) un livre: le mot concerne, éventuellement, l’auteur, ses choix et ses interprétations – et en aucun cas les citations, émanant sans exception de gens que, littérairement et philosophiquement, je respecte et j’admire (ce n’est pas toujours le cas sur le plan politique, loin s’en faut – mais c’est une autre histoire), citations dont certaines, se suffisant, sont destinées à apparaître telles quelles, sans rajout ou commentaire d’aucune sorte, alors qu’avec d’autres j’amorcerai un respectueux dialogue virtuel. Il fallait que cela soit précisé, voilà, ça l’est!]
« Pas plus ? dit le mathématicien. » Cédric Villani)