« L’esprit du monde, c’est nous dès que nous savons nous mouvoir. » (Maurice Merleau-Ponty)
« L’homme planétaire n’est qu’un parcours, une flèche, la voie elle-même, orientation plutôt que tracé, itinéraire plus qu’histoire avec ses inscriptions. » (Henri Lefebvre à propos de Kostas Axelos)
« Le centre n’est pas nécessairement un espace restreint; au contraire, il peut atteindre une étendue considérable dans l’espace imaginaire ou réel. » (Paolo Santarcangeli)
« Un instant – oui, mais total. » (Victor Segalen)
« Mais parler de l’art, à cette heure, serait une ironie par trop cruelle; jadis, il fut libre; ensuite, il fut protégé; aujourd’hui, il est toléré; demain, il sera interdit. Pratiquons-le encore, mais en secret; en des catacombes, comme les premiers chrétiens, comme les derniers païens. » (Rémy de Gourmont)
« Il y a eu la montée et l’éclat, le MOT. Et puis soudain le silence, la torpeur, la nuit sans nouvel espoir, sans sommeil. Rien ne retient et ne fixe. Rien d’un accomplissement. L’Ode, qui fut, s’est enfuie; n’est plus.Son retour: il ne faut pas le susciter trop vite. » (Victor Segalen)
« Léger est le sommeil dans les étendues nomades. » (Ossip Mandelstam)
« A line, a white line, a long white line / A wall, a barrier, towards which we drove » (T.S.Eliot)
« [*] aucun ordre n’est innocent [*] (Alberto Manguel)
« La réalité est aussi mince que du papier et trahit par toutes ses craquelures son caractère imitatif. » (Bruno Schulz)
« L’instant où l’on s’appartient [*] (Victor Segalen)
« Il n’y a pas de retour, puisqu’il n’y a pas eu d’éclipse [*] (Pierre Michon)
« Mal inspiré celui qui se crierait son propre contemporain. » (Mallarmé)
« Tous les grands textes que je lis me font cet effet. J’ai l’impression que leur auteur en maîtrise totalement la formulation, mais ne maîtrise pas le savoir qui est au coeur de cette formulation: comme si certaines phrases avaient le don d’enclore à la fois une extrême force émotionnelle et un mystère total, comme si le langage avait parfois des noeuds [*] (Pierre Michon)
« La littérature s’organise comme une pseudo-théologie, où on célèbre un univers entier, sa fin et ses commencements, ses rites et ses hiérarchies, ses êtres mortels et immortels. Tout est exact et tout est faux. » (Giorgio Manganelli)
« Je ne retourne à rien, je continue. je laisse en moi continuer ce qui s’est toujours passé en littérature, et comment pourrait-il en être autrement? La table rase est une bêtise, nous avons lu, [*] nous écrivons sur et avec la littérature universelle, nous ne passons pas par-dessus. Nous imitons, oui, comme on l’a fait depuis le début, nous imitons passionnément et en même temps passionnément nous n’imitons pas: chaque livre, à chaque fois, est un salut aux pères et une insulte aux pères, une reconnaissance et un déni [*] (Pierre Michon)
« Le douloureux émerveillement que nous procure chaque lecture des grands tragiques, c’est que leurs héros, qui auraient pu échapper à un destin atroce, par faiblesse ou aveuglement, ne comprennent pas vers quoi ils vont, et se précipitent dans l’abîme qu’ils ont creusé de leurs mains [*] Contre notre désir de changer le destin, ils nous font toucher du doigt l’impossibilité de le changer. Et ce faisant, quelle que soit l’histoire qu’ils racontent, ils racontent aussi la nôtre [*] nous apprennent aussi à mourir[*] (Umberto Eco)
« Sur quel intime foutoir l’oeuvre jette-t-elle son masque ravissant? De quelle noirceur fondatrice l’oeuvre doit-elle payer le prix? » (Pierre Michon)
« La lecture fortuite, fragmentée, sans intention préalable et non linéaire, où le sujet trouve toujours ce qu’il cherche, est une preuve de sa vérité [*] » (Ricardo Piglia)
« [*] une voix chuchotée au-dedans qui semble venir d’ailleurs [*] » (Pierre Michon)
« Comme chez Hamlet, comme chez Don Quichotte, la mélancolie est d’une certaine façon liée à la lecture, à la maladie de la lecture, à l’excès de mondes irréels, au regard caractérisé par la contemplation et l’excès de sens [*] » (Ricardo Piglia)
« Ne cherchons-nous pas simplement à réorganiser en d’autres motifs les pierres de la mosaïque: une mosaïque de sens, d’associations, de paradigmes et de figurations héritée et recomposée au fil des millénaires? » (George Steiner)
[Nota dans le blog à l’intention de celles et ceux qui s’interrogeaient sur la signification du mot « erreur » dans le titre de ce que sera (peut-être, un jour) un livre: le mot concerne, éventuellement, l’auteur, ses choix et ses interprétations – et en aucun cas les citations, émanant sans exception de gens que, littérairement et philosophiquement, je respecte et j’admire (ce n’est pas toujours le cas sur le plan politique, loin s’en faut – mais c’est une autre histoire), citations dont certaines, se suffisant, sont destinées à apparaître telles quelles, sans rajout ou commentaire d’aucune sorte, alors qu’avec d’autres j’amorcerai un respectueux dialogue virtuel. Il fallait que cela soit précisé, voilà, ça l’est!]
Votre commentaire