En mémoire de Paul Celan
« Je n’ai jamais su inventer. »
Encore et toujours le deuil ressassé / le fleuve sans choix, privé de ce qu’il révèle / la lame que détisse l’accouchement / la lettre avec qui tu partagea pertes et miracles / le bond qui donne voix, délivre du pesant, enrichit l’opaque / la graine que tu fis germer entre charges et chutes, dépouilles et coulisses / la traversée qui te baigna de lieu en lieu, de manque en manque, droite jusqu’à la moelle / l’heure même de l’acte bousculant les remous / les passages où, t’effaçant, tu recueillis comme pour t’en souvenir l’amont, les proues et les passes, les ancres, les alphabets et les chronologies, l’écueil obéissant au silence, le dessein qui désormais t’assume et t’accompagne, la nuit que tu nommas pour qu’advienne ce double qui t’éblouit en t’écartant.
« Rencontre à nouveau
de mots isolés comme:
éboulis, ivraie, temps. »
(Paul Celan)
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