« …héritage qu’on ne peut ni veut refuser et dont on sent le poids mais jamais la souffrance. » (Antonio Tabucchi)
En mémoire de nos échanges toujours présents, de tout ce que tu m’apportas – et c’est loin d’être fini…
« Il y a ce qui dépend de nous, il y a ce qui n’en dépend pas. Dépendent de nous l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion. » (Epictète)
« Le passé est plus facile à lire; on se retourne et, si l’on peut, on jette un coup d’oeil. Et puis, quoi qu’il en soit, il reste toujours accroché quelque part, fût-ce en lambeaux. Il suffit parfois de l’un des sens, l’odorat, le goût surtout, ou alors le souvenir d’un objet de l’enfance, d’un bouton retrouvé dans un tiroir demeuré longtemps fermé, un billet de métro, l’odeur de la micheline, ou alors une personne qui bien qu’étant différente t’en rappelle une autre. »
(Antonio Tabucchi)
Comment te remercier de m’avoir, avec quelques autres, appris à ne plus obéir à ces « maudits » sans saveur ni risque, m’en éloigner sans rémission?
Peut-être en m’éveillant, comme tu me le fis voir, à l’insidieuse musique des toits, aux traces qu’une part de nous récuse faute de savoir se soumettre à ce qu’elles imprègnent, à l’adieu qui en vain nous rabaisse en s’écoulant.
N’avancer alors que dans le temps infime du regard par surprise affranchi du bestiaire qui le requiert – des îles exhumant sa hargne – du lointain ceint de fureurs – des rugosités l’élisant sans l’accueillir – du limon qui le tolère – du faux jour de l’appel – de la parole dilatée, plus ancienne que ce qu’en la traçant l’on quitte.
Puis avec toi me soustraire, non pas au plaisir des détours, mais aux boues, aux bourrasques, à nos sosies défaites, aux lunes rampant au ras de nos pas, au désir à son insu déchu, jeté en pâture à la patience de l’Autre, à la mort inhabile, sans autre proie à étreindre qu’elle-même.
Il ne reste aux mots que la féroce allégresse, le renvoi qui restreint, le naufrage boiteux et le festin tricheur, la surenchère accroupie au-delà du visible faisant surgir de ses harcèlements l’interminable intrigue.
« On ne peut dire impunément certains mots, car les mots sont les choses. Je devrais désormais le savoir, à mon âge. Comme je devrais accepter l’idée que c’est pourtant cela qui nous empêche de falsifier les souvenirs, de les embellir, de travestir le dit de la mémoire. »
(Antonio Tabucchi)
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