Il est trop tard, les ombres se mettent à raccourcir, l’on pressent, sous le soleil brut, le bois d’ébène dans les soutes des caravelles, les guignols paradant aux premières loges, les goules reniflant leurs moignons transpercés par les harpons des baleiniers, et leurs charniers, et leurs rouages, et leurs flambeaux, et leurs gerbes à gerber, et leurs courbettes, et leurs gibets, et leurs mêlées, leurs palabres, leurs codes et leurs croisades, leurs engrenages, leurs débandades, leurs vergues en lambeaux, leurs lampes sourdes, leurs pauvres transhumances.
Il est trop tard, la voie qui brille n’est qu’une salle des pas perdus, notre sang est trop vieux, nos cratères à vif, nos gorgées de poison créances allégées, douves franchies, rauques fracas où l’on se replie pour guérir des lies et des enclumes, des routes en écharpe, des quilles trouées, des alcôves où trébuchent nos paumes endormies, du retour à soi et de l’intermittence de l’heure.
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCCCCXLII): L’assentiment (75) – Matière noire
1 août 2020 par Rougier
Magnifique texte que je lis et relis, la gorge nouée. Merci, cher André Rougier.
Bona.