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Archive for the ‘dialogues’ Category

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Borges disait quelque part (en parlant d’un brave, ce qui n’étonnera que ceux qui ne l’ont pas lu, ou connu) qu’il n’y a dans la vie des humains qu’un seul instant qui compte pour de vrai, celui où l’on sait une fois pour toutes QUI l’on est. Il se peut néanmoins qu’il y en ait un autre, illimité celui-ci, où l’on entrevoit que nos vies ne sont que l’envers de quelque chose qu’on ignore. Il arrive qu’on le découvre parfois (sans savoir comment ni pourquoi), mais c’est bien rarement le cas. Peut-être alors qu’être brave, ou couard, ou tout simplement « étant » ne tient qu’à la distance de l’endroit rêvé ou haï ou nié que l’on ne parcourra, enfin libre, qu’une fois happé par la grande lumière blanche. 

  (2021/2023) 

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Lorsqu’on se sent bien plus proche de la fin que du début, on réalise que cet amas de distorsions, méandres et raccourcis qu’est la vie ne vaut que par les derniers souvenirs qui subsistent, lesquels n’altèrent pas le passé, ne descellent pas le présent, mais pèsent de subtile manière sur ce qui reste d’avenir.

La démarche de Niembsch (répétition, quête de l’immobilité, abolition du temps, traversée des apparences jusqu’à l’avènement d’un langage débarrassé des scories du sens) m’a bouleversé, fasciné, tout en m’aidant à comprendre dès la première lecture qu’elle ne sera pas mienne.

J’aimerais que l’on se souvienne de moi comme de quelqu’un qui a fait quelque chose des « recoins de la perte », pas seulement pour lui-même, mais, au moins tout autant, pour autrui.

(2021/2023)

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(sauf indication contraire, toutes les citations – en italique et entre guillemets – en sont extraites)

* Par amour, le narrateur de « L’invention de Morel » de Bioy Casares accepte, même en sachant qu’il y allait de sa vie, de se glisser dans une réalité que l’on appellerait de nos jours « virtuelle » (mais que Manguel appelle « perpétuelle »), finit par y parvenir et en paie le prix. D’un autre côté, si l’immortalité n’est que « persévérance de la mémoire », comment ne pas voir que de fait c’est ce même narrateur qui a gagné, à jamais? Qu’aurais-je fait à sa place? Probablement la même chose, ce qui m’aurait offert à la fois l’impossible bonheur et le regret de ne pas pouvoir tracer ces lignes…

* Entrevoir « la bibliothèque comme doppelgänger », savoir faire de la lecture (« cette tâche confortable, solitaire, lente et sensuelle ») une vraie « conversation » est sans doute un privilège, et il est de notoriété publique que je suis pour leur abolition à tous. Je ne crois néanmoins pas vous surprendre en avouant que celui-ci serait à n’en pas douter le dernier de la liste…

* « Maintenant que je commence à pressentir la certitude d’une fin, j’apprécie d’autant mieux tout ce à quoi je me suis habitué: mes livres préférés, les voix, les présences, les goûts, l’environnement, en partie parce que je sais que je ne serai pas toujours là. »

Rien d’autre, rien de plus – et, surtout, pas mieux!

* « Les amis que j’ai en mémoire sont figés dans le temps, comme saisis par une pellicule photographique. Ils ont l’âge qu’ils avaient la dernière fois que je les ai vus: je ne suis pas sûr qu’ils me reconnaitraient aujourd’hui. Ils sont ce que je sais du passé. »

Tout comme il  en va, simultanément, de  « l’influence de l’avenir » sur ce dernier, comme le disait si bien le Morel de Bioy s’adressant à sa bien-aimée Faustine (comme j’aimerais savoir ce qu’en diraient de cela Claire, Branca, Isa, Françoise, Zaïra, Martine, Sirlene, Alain, Hélio, Guilhem, Thierry, François et quelques autres!)

* Qu’est-ce le Brésil pour moi (outre la patrie choisie, celle dont nous rêvons tous que la vie nous en fera un jour don) sinon « la distance en soi, l’archétype de l’ailleurs »?

* « Ma nouvelle chambre / est vaste, plus vaste en tout cas / que ne sera mon tombeau. » (Bakr-al-Sayyab, poète irakien cité par Manguel)

Je m’efforce de ne pas trop y penser, L’agir (dans ce qu’il accomplit, voire dans sa possibilité même) est à ce prix.

* Si « nous ne voyons que ce que nous nous attendons à voir », si nous sommes si souvent incapables de comprendre que « le moindre cadeau du hasard » vaut toutes les richesses du monde, c’est parce qu’épris de finitude même si nous passons notre temps à nous persuader du contraire, « nous ne choisissons que ce qui demeure », peut-être seule manière de « contrebalancer l’absence », celle qui ne s’incarne ni en ceci ni en cela, qui n’a ni nom ni visage…

  (2021/2023) 

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Le fragment dit et ne dit pas, s’écarte et se rejoint, garde et menace, cache des choses les sortilèges, le trou noir où ils s’engouffrent, le no man’s land où se tiennent les fables qu’il  contredit et dévore.
Ce n’est que vers lui que la langue avance à pas comptés, s’acharne et se dissimule faisant place nette aux mèches qu’il allume et qu’on ne peut trahir, à leur essor, à leur convoitise.
Car ce qu’il choisit – intrus qui ne s’en laissant pas compter, gardien de ce qu’il ignore posséder – ne se tient pas où la parole s’offre, mais là où tout est bégaiement dont le réel ne répond pas, lui qui n’en est que l’avant-propos, se retirant pour servir plus tard de monnaie d’échange, séparant sa substance du refus de la livrer, la comblant sans rien recevoir en échange.

(2021/2023)

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En mémoire de James Dean, qui fit ce qu’il fallait sans demander son reste

La vraie partie se joua crânement, comme s’il y avait encore un temps pour chaque chose, comme si  l’alcool maître de tes vrilles ou le temps de son plein gré harnaché pouvaient t’aider à reprendre souffle, gouverner tes boniments et braconnages, comme s’il y avait bonne médecine ailleurs que dans la parole déchue et le défi ultime.
Seule l’ombre contre toi sut le manque dernier où tout fut grand bruit et fumée, pont coupé, épieu brisé, insalubre déni, margelle fidèle.

(Accélérer, accélérer encore, puis tourner la tête pour regarder de côté sans souci de ce qui sera, puisque le verbe même n’aura plus de sens.)

(2020/2023)

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