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Archive for mars 2012

 “Un jour, peut-être, lirez-vous ce message. Ou pas. Puisque tout sera déjà consommé, cela n’aura, quoi qu’il en soit, plus d’importance. Car si la vie pouvait être autre qu’elle ne fut, elle en viendrait à effacer le temps, la succession des causes et des effets qui sont sa trame même, et cela ne se peut. Et mes cartes ne peuvent changer ce qui, se devant d’être, a déjà eu lieu.”
      (Antonio Tabucchi)

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Biblioteca Nacional, Buenos Aires

 « Yo puedo estar en Londres, puedo estar en Tokio, puedo estar en Edimburgo, puedo estar en San Francisco de California, puedo estar en New Orleans, puedo estar en Paris, puedo estar en Sevilla, estuve ultimamente en Marraquesh, pero de noche, cuando duermo, estoy siempre en la parroquia de Monserrat y en la Biblioteca Nacional que yo he dirigido… »
                               (Borges)
 « Que je me trouve à Londres, ou alors à Tokyo, à Edimbourg, à San Francisco en Californie, à La Nouvelle Orléans, à Paris, à Séville ou encore à Marrakech où j’étais dernièrement, la nuit en dormant je suis toujours dans le quartier de Monserrat, à la Bibliothèque Nationale dont je fus le directeur… »

 Oh, la Bibliothèque, lieu où comme nulle part ailleurs, l’on pressent, et parfois ressent, ce « frémissement avec lequel nous percevons les frontières ambigües entre fiction et réalité » selon les termes d’Eco, hanté métaphoriquement par cet « ideal reader affected by an ideal insomnia » dont rêvait Joyce…
 Je sais que, pas plus aujourd’hui que naguère, je n’y céderai pas, mais combien grande fut par moments la tentation (laquelle, à vrai dire, n’a jamais cessé de me tourmenter) de m’y enfermer et de ne plus en sortir, puisqu’elle est, sinon, l’Univers, du moins ce « quelque chose » sans nom et sans visage ou alors qui les aurait tous, et qui lui ressemblerait à s’y méprendre!

« Sa » fenêtre…

« esa demonstración de la maestria,
de Dios que com magnífica ironia
me dio a la vez los libros e la noche. »
              (Borges)
« cette preuve de la maîtrise
de Dieu qui – magnifique ironie –
me confia à la fois les livres et la nuit. »

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     À Joachim Séné, bien amicalement

 À la fin des années quarante – nous rappelle Estanislao Martínez Iriart dans son excellent « Guia dos recorridos borgeseanos en Buenos Aires » – Borges, fou amoureux d’Estela Canto, fréquentait assidûment le lieu, théâtre d’interminables promenades. Une nuit, alors qu’ils se retrouvaient sur un banc, les deux furent abordés par un policier qui demanda leurs papiers d’identité, pratique tout à ses débuts et donc peu commune. Comme ils n’en possédaient pas, ou ne les avaient pas sur eux, le représentant de la loi leur intima l’ordre de le suivre au commissariat 14, sis calle Bolivar où ils restèrent enfermés quelques heures avant d’être libérés sans autre forme de procès (j’en rigole encore en imaginant la scène…)
 Qu’y faisaient-ils exactement? L’histoire litéraire n’en parle point, et il n’y a, parmi les vivants, plus personne pour en témoigner. Qui a eu le privilège d’approcher, même longtemps après l’incident, l’homme, – à la fois si semblable et si différent de ses écrits – peut néamoins bien l’imaginer, surtout s’agissant d’un Borges encore dans la fleur de l’âge…(que ceux qui ne le vénèrent qu’immatériel et désincarné me pardonnent, mais ils ont tout faux, hé, hé…)
 L’on ignore, bien entendu, de quel banc il s’agissait exactement, il m’a donc plu d’en immortaliser un à ma convenance, de fait celui qui, si j’avais été à sa place, j’aurais choisi, et que la photo représente (c’est celui du fond à droite…)

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