« Le lecteur, celui qui, serein, persévère dans le déchiffrement des signes, qui construit le sens dans l’isolement et la solitude, intransigeant, pédagogue vis-à-vis de lui-même et de tous, ne perdant jamais la conviction absolue de la vérité qu’il a déchiffrée… » [*]
« Il y a toujours une île où survit un lecteur, comme si la société n’existait pas. Un territoire dévasté où quelqu’un reconstruit le monde perdu à partir de la lecture d’un livre. Il vaudrait mieux dire: la croyance en ce qui est écrit dans un livre permet de reconstruire le réel perdu. » [*]
{mettre en parallèle « Continuité des parcs » et « Fin d’étape » de Cortazar et y réfléchir partant des idées ci-dessus – note de A.R}
« Marx a critiqué l’idée de degré zéro de la société dans le mythe de Robinson, parce que même un sujet complètement isolé porte en lui les formes sociales qui l’ont rendu possible. L’isolement présuppose la société que l’individu veut fuir. » [*]
« Il y a toujours un livre dans le désert, qui y survit, qui en contient la vérité et en prédit la fin. » [*]
{pousser l’analyse en liaison avec les pages consacrées au roman de Conrad « Au coeur des ténèbres » et au personnage de Kurtz dans l’essai « Forêts – essai sur l’imaginaire occidental » de Robert Harrison – note de A.R}
« Celui qui lit à partir d’un tel lieu suit une trace dans le texte et, fidèle à ce parcours, envisage les alternatives laissées de côté par l’oeuvre [*] Bien plus qu’à lire comme si le texte avait un sens caché, on tend à interpréter dans un sens musical, d’imaginer les variantes possibles et les modulations, comme si le livre n’était jamais terminé. (D’ailleurs), aucun livre ne l’est, aussi réussi soit-il. le texte clos et parfait n’existe pas [*] Manuel Puig disait que, chaque fois qu’il se mettait à lire un roman, il commençait à le réécrire. » [*]
« E.M. Forster imagina, dans , tous les romanciers des différentes époques en train d’écrire en même temps à la table d’une bibliothèque avec toute la littérature à leur disposition. Une idée qui, bien sûr, s’oppose à la notion d’histoire littéraire ou de progrès, à l’idée de linéarité et de hiérarchie; tout élément du passé peut être utilisé comme s’il était neuf. » [*]
{mettre en rapport les idées ci-dessus avec d’autres, glanées dans « Brouhaha – les mondes du contemporain » de Lionel Ruffel et « Le point aveugle » de Javier Cercas – note de A.R}
« L’épiphanie est là, dans l’ignorance du sens immédiat, dans le mouvement de distanciation et de recul vis-à-vis du sens. » [*]
« La lecture se situe dans la continuité des corps, elle ne les ignore pas, elle les intègre. » [*]
« La forme surgit de la matière et obéit à une logique qui répète le désordre de l’expérience [*] tout en rompant les liens et en cryptant le sens. » [*]
{comme le moule de métal d’une sculpture qui disparaît, ôté ou caché par la matière – note de travail A.R}
« La métempsychose est une métaphore des effets de la lecture, les vies possibles, les vies désirées, les vies lues [*]
{dialogue entamé depuis longtemps déjà et se voulant aujourd’hui respectueux hommage à Piglia qui nous a quitté récemment, laissant dans les lettres argentines, hispanophones et mondiales un vide difficile à combler – note de A.R}
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