Il y a tant à oublier dans l’heure qui vient, tant à défaire: les bons conseils, les tranchants, les credos, les routes de sel, les lits défaits, les vagues rouillées, les hasards du secret, l’inquiétude des orties dont on sait se passer désormais.
Plus rien qui aille de soi si le temps perd la partie, tout compte est à rebours, tout jugement dernier, il fait déjà plus sombre dans nos maisons oisives (les traces, elles, pourraient bien être autres – mais à quel prix?)
Les combats d’autrefois ne valent plus rien, ni leurs noms, ni les pas qu’on décèle, ni les civières toutes proches, les doutes qui durent, les lettres jamais lues, alors que l’usure répand ses chétifs attraits, que les miroirs se penchent en avant et nous relèvent, friands de loups insomniaques, de chevaliers inexistants, de vieilles histoires nettes comme ces rocs, ces bouleaux aux maigres ombres où s’offre, rit, scintille la peur enfin hospitalière.
JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCCLXXXVI): Les immortels
12 novembre 2018 par Rougier
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