« Feindre est le propre du poète / Il feint si complètement / qu’il en arrive à feindre qu’est douleur / la douleur qu’il ressent vraiment » (Fernando Pessoa)
Que dire du temps qui va, comblant les multitudes du dedans, celles qui avatar après avatar, tu dus rallier, celles, par trop éblouies d’illusions, qui n’eurent de cesse de t’échapper?
Fausses marches, faux seuils, faux stupres sous les chapiteaux déserts, royaumes travestis, guets patients, soleils défenestrés, visées accordées aux fins et aux soucis, pertes te réinventant, secrets qu’il te fallut préserver, futurs renonçant à s’accomplir, relayant ces aubes coupant l’herbe sous tes pieds, faisant taire les signes faits linceuls, la violence couleur muraille, le vautour attelé à ses stupeurs, aux mots de la faucheuse investissant tes saccades, le présent vineux, les prophéties en coulisse, la « saudade » de l’enfance toute de murmures et d’entames dont tu ne t’éloignas jamais tout à fait, pas plus que de Sébastien le roi manquant, des galions éventrées, des proues mensongères.
« Para viajar basta existir » (Fernando Pessoa)
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