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Archive for the ‘citations’ Category

Survivre, c’est frôler les raccourcis, boucher l’appel, cajoler les brides, contagier les départs, ranimer la lumière forcenée qui les couve et pourfend.
Survivre, c’est se mettre en chemin vers ce qui te détisse pour que tu y demeures, exténuer du secret la ronde singulière, jeter aux oubliettes l’or des traîtres, les tricheries de l’oracle, le socle et l’outil, cimenter les levées, fouiller l’enfance abrupte et le feu rare, encenser ce qui ne se laisse ni envahir ni soupeser, partager de la parole la souveraine proximité, s’évader des solitudes du faux bouge et du congé sans bagages, fidèles à leurs aveuglements, éblouis par les tournesols sans lieu…
Survivre, c’est se perdre sans un regard vers les veules, s’attabler avec les mots ranimés, s’écarter du mal sans renier ses effigies, faire signe à ce que tu fis scellé à ce qui fut poignet désapprenant la lame, écartelé, tuméfié – VIVANT.

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e-r

« Le lecteur, celui qui, serein, persévère dans le déchiffrement des signes, qui construit le sens dans l’isolement et la solitude, intransigeant, pédagogue vis-à-vis de lui-même et de tous, ne perdant jamais la conviction absolue de la vérité qu’il a déchiffrée… » [*]
« Il y a toujours une île où survit un lecteur, comme si la société n’existait pas. Un territoire dévasté où quelqu’un reconstruit le monde perdu à partir de la lecture d’un livre. Il vaudrait mieux dire: la croyance en ce qui est écrit dans un livre permet de reconstruire le réel perdu. » [*]
{mettre en parallèle « Continuité des parcs » et « Fin d’étape » de Cortazar et y réfléchir partant des idées ci-dessus – note de A.R}

« Marx a critiqué l’idée de degré zéro de la société dans le mythe de Robinson, parce que même un sujet complètement isolé porte en lui les formes sociales qui l’ont rendu possible. L’isolement présuppose la société que l’individu veut fuir. » [*]
« Il y a toujours un livre dans le désert, qui y survit, qui en contient la vérité et en prédit la fin. » [*]
{pousser l’analyse en liaison avec les pages consacrées au roman de Conrad « Au coeur des ténèbres » et au personnage de Kurtz dans l’essai « Forêts – essai sur l’imaginaire occidental » de Robert Harrison – note de A.R}

« Celui qui lit à partir d’un tel lieu suit une trace dans le texte et, fidèle à ce parcours, envisage les alternatives laissées de côté par l’oeuvre [*] Bien plus qu’à lire comme si le texte avait un sens caché, on tend à interpréter dans un sens musical, d’imaginer les variantes possibles et les modulations, comme si le livre n’était jamais terminé. (D’ailleurs), aucun livre ne l’est, aussi réussi soit-il. le texte clos et parfait n’existe pas [*] Manuel Puig disait que, chaque fois qu’il se mettait à lire un roman, il commençait à le réécrire. » [*]
« E.M. Forster imagina, dans , tous les romanciers des différentes époques en train d’écrire en même temps à la table d’une bibliothèque avec toute la littérature à leur disposition. Une idée qui, bien sûr, s’oppose à la notion d’histoire littéraire ou de progrès, à l’idée de linéarité et de hiérarchie; tout élément du passé peut être utilisé comme s’il était neuf. » [*]
{mettre en rapport les idées ci-dessus avec d’autres, glanées dans « Brouhaha – les mondes du contemporain » de Lionel Ruffel et « Le point aveugle » de Javier Cercas – note de A.R}

« L’épiphanie est là, dans l’ignorance du sens immédiat, dans le mouvement de distanciation et de recul vis-à-vis du sens. » [*]
« La lecture se situe dans la continuité des corps, elle ne les ignore pas, elle les intègre. » [*]
« La forme surgit de la matière et obéit à une logique qui répète le désordre de l’expérience [*] tout en rompant les liens et en cryptant le sens. » [*]
{comme le moule de métal d’une sculpture qui disparaît, ôté ou caché par la matière – note de travail A.R}

« La métempsychose est une métaphore des effets de la lecture, les vies possibles, les vies désirées, les vies lues [*]
{dialogue entamé depuis longtemps déjà et se voulant aujourd’hui respectueux hommage à Piglia qui nous a quitté récemment, laissant dans les lettres argentines, hispanophones et mondiales un vide difficile à combler – note de A.R}

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manège Place de l’Hôtel de Ville, Paris

La toile d’araignée des mots saisit les choses : crues, lierres, ormes, roseaux, coulées, rubans, ténèbres, ponts de lune sous tes fenêtres.
Pas de surface, ni d’arrière-plan, ni d’ombre, de porte par où entrer, de poignée à saisir, de paume où se lover, appauvris du temps qui tous nous dépouille car nous vivons – ni viviers, ni aimants, ni gravés dans l’argile, tout étant tel que toujours il fut : philtres, archipels, sextants, trous noirs, limailles, nerfs, cendres d’empire, dagues des seigneurs, atours des dames.
N’interroge plus ces signes qui t’interrogent, l’enfant qui guette ta mort parce qu’il croit qu’elle lui montrera l’arrière-cour, l’autre versant, toi parce que tu cherches dans ce qu’il fut l’instant vierge qui t’avouera comment fixer la Chienne en face.
Disperse tes escouades, brise tes remous, fuis ces alliages, ces crues, ces feux, l’imprononçable cale où les contraires s’accouplent; pas d’avant ni d’après, plus d’Histoire ou de durée, seul ce roc où tout coïncide et se conjugue à l’heure d’interroger ce domaine qui à ce jour n’a plus de nom.
Passe sans être déchiffré. Ne leur livre que l’autre face, lime et faille, somme de qui tu fus, réfutation, contrains-les à marcher sur ce fil chaque fois plus mince jusqu’au silence qui tout dénude…
Ce paysage de nuit ne suffit plus, tu sais pourtant qu’il faudra t’en saisir pour lui ôter ses faux attraits, ses leurres, ses révélations. L’homme comme la terre n’étant plus sacrés, tu n’as plus rien à leur offrir : ni jeu de figures, ni matière libérée, ni lumière, ni pentacle, ni profanation. Pas même l’attente.
Puis tout s’effacera : la maison aux bougainvillées, la nage, les bracelets, les glaces, les coquillages, les poulpes, les galions, les ogres, les rocs, les frôlements, les seuils, les dérobades…
Une seule fois l’inguérissable chant, une seule fois TOUT dans la balance contre hérédité et poisons, une seule fois des confins à venir les lents rouages!
C’est l’heure de déchirer ton pourpoint, couver salamandres et orties, apprendre à choisir des départs le plus sournois, fausser leurs démarches, corrompre la main des bâtisseurs, les couvrir de dunes et de failles.
Ton règne sera bref, mais il n’en est pas de même du désert que l’on imagine.
   (1977)

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ra    Rue Cujas, Paris

« Mais pas une main amie! et où puiser le secours? »
(Arthur Rimbaud)

La nuit rampe, va à reculons vers son tourment, cuve ta déroute dans ces bouges où tout est harnais et délivrance – alors qu’approchent les fils de la Louve, semant les mêmes traîtrises, les mêmes ruses recouvrant l’herbe stérile, le même pas tenu et gagné, mais par l’Autre…
Aux ardents la suie des bals, aux cohortes flagellées cadences et levains, aux lendemains qui toujours chanteront la chance de tout déclore, repeindre les brèches, arrêter l’emplacement des charniers et l’heure des oriflammes.
L’enfer, c’est parfois les nôtres…

Sevrage qu’on devine, dos tourné à l’Aveugle qui de tout nous fit don, assombrissant l’imprévoyance de l’heure, les promesses closes sur l’éternité à l’essai, l’acharnement contre le Lieu et ses rapines…

Pactes mutilés, miroirs voués aux présages, éclair gravé sur les touffes et les grains, inachevé dépris des scories, là où l’écart entre feindre de vivre et vivre finit par s’effacer, où la raison des départs en est l’unique conséquence, où l’on s’émerveille des clartés parce que les yeux n’y voient que leurs vaines habitudes: mêmes couteaux, mêmes eaux intactes, mêmes cernes, mêmes cendres, mêmes veilles à peine habitées…
Pas une qui ne sache combien inassouvi tombera le dernier geste!
   (2013)

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dm    Daido Moriyama

corolles éparses dans l’embrasure
au ras des tuiles le vert étouffe à
vif sur le triangle des routes menant
à l’insoumise et nos profils au seul
travail des lentes tumeurs ô

lumières galets humés que jamais plus la
bride sa propre glu et l’hameçon en
détritus de sang ne dérivèrent dans
la fêlure les fentes où le pollen des
algues reflue golfes sans débuts sans
pieuvres auxquelles nerfs des repères
nous buvions nous déplissant dans
l’aire femelle flaminaire à la petite
semaine parmi les dernières allures
de la houle fiel désossé dans l’appât
des flancs illumine nous glisse entre
leurs sexes rive spasme ignorant la
rêche âpre électrique du vent de tes
lunules en îles débit en marge des
flux sur le croissant du clair là au
noeud des crochets déménagent la
frange stalactites de la fixe pleuvante
genèse lettres en sursaut pluies de
genoux dans les menottes se cambrant
sur les rides de cendre parmi les éventrées
suintent sur les reptiles tannés repris en
battements en fin plurielles phonies au
bout des griffes que balbutient nos souples
signes à l’extrême ciel criard comme l’avant-cendre
à tête de voyages de toutes les manières l’autre
possible louve désarticule les pavillons érige
la femme enclose des bords repeint le mât en
lèvres de lèpre s’étrangle qui retient dégouline
sans bouger la fouineuse dressée en flux des
glas antennes chercheuses irriguant nos cratères
arc entre les dorsales où clignotes te délies phare
de la vaginale durable érafle les langues recluses
charcute en nous la vide clôture des sourdes
vibre dans la friable fenaison la pénètre ô soulagée
par nos incendies traverse avec ou sans nids sur
la plus chaude révulsion des dons si pesante
submerge le bas des masques percute la dispersion
avec juste autour des plis en guise d’ardoise râle
sur le givre temps des fragments sur tes cuisses nos
vues re-bues t’engendrent plus ou mal polluent l’envie
des cicatrices se dissipant aux bestiaires du feu la
cireuse aspirante où du premier goût erre de toutes
les vacantes la verticale les gonds des dents sur la
plus ronde jetée la fermeture de cap en roc flanche
s’arrime directe sur la peau des gouttes dedans l’envers
en manque si seulement nous pouvions ne pas
si seulement oui nous suffire sans le revirement des pores
sinon nous insinuant encore sables chevauchant complices
nous prend qui rôde d’emblée qui sort des crissements à
nos mesures exige dans le métal transportant les battues
alors toujours séparées couchent les villes hautes frappent
des naseaux dans les environs où habite l’assise parure
où jamais ne saignent les distances non fissures se
déridant du soleil
non

   (1972)

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